Enfant de Soweto devenu milliardaire, Patrice Motsepe s’apprête à devenir vendredi le nouveau roi du football africain en dépit de son profil relativement inconnu du monde sportif hors d’Afrique du Sud, où il incarne cette élite noire sud-africaine qui a prospéré après l’apartheid.
Le président et fondateur de la Fondation Motsepe, Patrice Motsepe et la directrice générale et son épouse le Dr Precious Moloi Motsepe, lors du « Global Citzen Festival : Power The Movement », le 28 septembre 2019 à New York.
Candidat surprise adoubé par la Fifa et seul encore en lice, le futur président de la Confédération africaine de football (CAF) sera vraisemblablement, sans grand suspense, élu lors de l’assemblée générale de l’organisation à Rabat au Maroc. Dixième plus grosse fortune d’Afrique, parmi les trois Sud-Africains les plus riches avec un patrimoine estimé à environ 2,5 milliards d’euros, selon le magazine américain Forbes, le self-made man de 59 ans au look soigné a fait fortune dans l’industrie minière et la finance mais cultive une certaine discrétion.
Après avoir laissé un autre annoncer officiellement sa candidature en novembre, isolé à cause de soupçons de Covid-19, il a observé un silence médiatique jusqu’à l’annonce de son programme… il y a deux semaines. Et pour toute explication sur ses motivations à s’engager à la tête de la CAF, l’homme d’affaires et fin stratège a simplement déclaré: « J’aime le football. Un amour stupide et irresponsable ». Patrice Motsepe faisait figure d’outsider face à ses trois rivaux pour la course à la présidence, l’Ivoirien Jacques Anouma, le Sénégalais Augustin Senghor et le Mauritien Ahmed Yahya, tous présidents ou anciens présidents de fédérations dans leur pays. Une campagne électorale minimaliste lui a permis de rencontrer des dirigeants qui voteront vendredi, et dont certains ont avoué en coulisses ne pas savoir qui il était avant de le rencontrer.
Fortune dans l’or
D’autres se sont étonnés de sa connaissance succincte des enjeux de la CAF pour les quatre années à venir…Mais il bénéficie du précieux soutien du président de la fédération du Nigeria, Amaju Pinnick, qui l’a introduit auprès de ses confrères. Plus connu pour sa réussite en affaires, Patrice Motsepe a grandi dans le township de Soweto, près de Johannesburg. Ses parents, commerçants, l’inscrivent dans une école privée catholique et lui permettent de poursuivre à l’université où il étudie le droit minier, les affaires et l’art.
A la fin de l’apartheid, il devient le premier associé noir dans un cabinet d’avocats en Afrique du Sud. Profitant du nouveau souffle dans la nation arc-en-ciel et de l’effondrement du cours de l’or, il achète plusieurs mines à bon prix à la fin des années 90. En 1997, il crée l’entreprise African Rainbow Minerals Gold Limited, spécialisée dans l’extraction du cuivre, du platine, du fer ou encore du charbon. Mais sa fortune lui permet aussi de s’offrir en 2004 un club de foot: les Mamelodi Sundows. L’équipe de Pretoria a depuis remporté une Ligue des champions d’Afrique en 2016 et conquis sept titres de champion d’Afrique du Sud. Le magnat des mines possède également une participation de 37% dans l’équipe de rugby la plus titrée du pays, les Bulls de Pretoria. Mais l’emploi du temps surchargé de ce businessman fait craindre qu’il ne puisse s’investir à fond auprès de la CAF.
Beau-frère du président
« Il n’a même pas le temps de s’occuper de son club », regrette Bacary Cissé, rédacteur en chef du journal sénégalais Record. Pour lui, Motsepe est « parachuté, mais la Fifa a fait de lui une arme redoutable ». Gianni Infantino, patron du foot mondial, a poussé la candidature du Sud-Africain, et de nombreuses voix en Afrique crient à l’ingérence. « Mais la Fifa ne pourra pas le manipuler comme une marionnette ou un yes-man », assure Mamadou Gaye‚ analyste de l’émission SuperSport’s Soccer Africa. Marié, père de trois garçons, l’homme d’affaires est aussi le beau-frère du président sud-africain Cyril Ramaphosa.
Sa sœur Tshepo est mariée à l’actuel chef d’État et son autre sœur Bridgette est l’épouse de Jeff Radebe, membre du parti historique au pouvoir, le Congrès national africain (ANC). A la tête d’une fondation qui porte son nom, il s’est engagé en 2013 à faire don de la moitié de sa fortune à des œuvres caritatives dans le cadre de la campagne « The giving Pledge » (promesse de don) lancée par Warren Buffet et Bill Gates. Et le richissime homme d’affaires a, comme d’autres, promis un milliard de rands (55,7 millions d’euros) pour lutter contre la pandémie de coronavirus en Afrique.
F.A
Source: LSI AFRICA
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