Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Bénin/Numérisation : Une mine d’opportunité à la portée de tous

La pandémie de la Covid 19 a affecté le cours de la vie de tous. Elle a modifié les méthodes de travail et accéléré l’utilisation des différentes technologies de l’information et de la Communication. Au Bénin et à l’heure actuelle, les Technologies numériques sont devenues de véritables opportunités pour revitaliser le marché du travail, favoriser l’intégration professionnelle, la diversité et l’égalité des chances.

Bertine, la trentaine, opératrice économique, en provenance d’un pays de la sous-région est arrivée au Bénin depuis 8 jours pour créer une succursale de l’entreprise mère qui l’emploie et qui est basée en Amérique. Elle se réjouit de toutes les facilités qu’elle a déjà obtenues en ligne et qui lui a permis de remplir directement le formulaire de création de l’entreprise, tout en joignant les pièces justificatives. « Ça m’a fait gagner beaucoup de temps et d’argent, surtout que je ne connais pas encore très bien Cotonou. Au moins, j’ai eu la possibilité d’échanger, d’adresser des mails et de recevoir aussitôt des réponses à mes préoccupations et des indications à suivre. C’est un gain de temps énorme pour moi », déclare-t-elle.
Le portail numérique national est fonctionnel. Il donne des informations en lignes sur plus de 250 services. Il précise les pièces à réunir pour avoir accès à tel ou tel service, de même que le lieu. C’est la possibilité de consommer directement en ligne, en soumettant une demande, en payant en ligne et permettant d’avoir accès à un document qui auparavant pouvait être retiré dans l’administration. Noël Kanny, opérateur économique se réjouit aujourd’hui de la facilité et de l’aisance d’obtenir son casier judiciaire en ligne et de le retirer aussi en ligne. « Auparavant c’était vraiment pénible pour moi. Je perdais beaucoup de temps et de l’énergie ».
L’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste au Bénin (ARCEP, 2019), précise que le taux de pénétration global de l’Internet en 2018-2019 est d’environ 48% de la population béninoise, dont 5,53 millions d’abonnés à l’Internet mobile selon les données des opérateurs GSM. L’accès à l’Internet de type haut débit et de type 3G/4G touche quant à lui 20% de la population. Depuis lors, d’importantes réalisations ont été achevées en matière d’infrastructures TIC. Au nombre desquels : la réhabilitation et l’extension du réseau de 2 000 km de fibre optique sur le territoire national et le déploiement de plusieurs boucles locales autour des localités de Cotonou-Porto Novo, Ouidah-Calavi et Godomey.
Même le marché des services financiers numériques a fait un bond spectaculaire avec plus de 9 millions de comptes clients enregistrés, selon l’agence d’investissement des Nations Unies (UNCDF) dans le document sur « l’Etat du marché des services financiers numériques en 2018 au Bénin ». En 2015, à peine 2 % de la population adulte possédait un compte de mobile money. Les différents acteurs travaillant sur l’amélioration de leurs offres mais chacun de son côté. En partenariat avec la Fondation Mastercard, grâce à leur fédération autour d’un objectif commun, celui d’améliorer l’inclusion financière, en donnant aux populations un meilleur accès aux services financiers, des progrès ont été accomplis.
L’amélioration des infrastructures reste la priorité du Programme d’action du gouvernement (PAG) qui entend assurer un taux de couverture du haut et très haut débit à 80% de la population. Mais, reste encore le déploiement insuffisant tant de la dorsale que du maillage et de l’accès au dernier kilomètre, ainsi que le coût des forfaits internet qui demeurent autant de freins à l’objectif d’universalité d’accès à l’Internet.
Pour encourager plus de personnes à s’intéresser au numérique, en particulier, la couche juvénile, le programme (Levier d’apprentissage pour la reconversion dans le numérique) (LEARN), portée par le Ministère du Numérique et de la digitalisation a été mis en place. Il vise à offrir chaque année à des jeunes recrutés sur toute l’étendue du territoire national, des bourses de formation dans le domaine du numérique. Selon la ministre Aurélie Adam Soulé Zoumanou, « il accueillera chaque année des jeunes âgés de 18 à 35 ans, motivés et passionnés du numérique. Les personnes retenues à l’issue du processus de sélection, prendront part à une formation intensive, suivi d’un stage, sanctionné par un rapport. Les admis recevront leurs certificats et seront accompagnés à l’insertion professionnelle ou à la reconversion dans le numérique. Le programme LEARN entend couvrit tous les métiers d’avenir dans le secteur du numérique. La 1ère promotion va débuter en août 2021 ».

Cadre réglementaire du numérique

Le Bénin a affiché depuis 2016 la volonté de promouvoir le développement de l’économie numérique et du commerce électronique. Le Programme d’actions du gouvernement (PAG) 2016-2021, «Bénin révélé», vise la couverture de 80% de la population en accès à haut ou très haut débit et la généralisation du commerce électronique. Directement en lien avec cela : quatre agences d’État ont été créées afin d’accompagner les ministères sectoriels dans l’application de la politique nationale de l’économie numérique. Le cadre réglementaire du commerce électronique et de l’économie numérique est établi par le Code du Numérique, voté en 2017 et promulgué en 2018. Il fait état entre autres de la réglementation des communications électroniques, de l’archivage numérique, des signatures électroniques, du commerce électronique, de la protection des données personnelles, de la cybersécurité et de la lutte contre le cybercrime. Des investissements importants ont été réalisés en matière de dématérialisation dans le cadre du projet phare portant sur le développement d’une administration intelligente. Quatre projets majeurs en cours de réalisation. La construction d’un data center national, de la mise en place d’une Infrastructure à clé publique (ICP), du déploiement d’une plateforme nationale d’interopérabilité pour la dématérialisation des échanges de données entre administrations publiques et privées et d’une plateforme nationale des services publics (PNS) afin de faciliter les procédures d’état civil, de marchés publics, de créations d’entreprises en ligne.

Le numérique, un secteur porteur

Au Bénin des acteurs de toutes sortes se sont lancés dans le secteur du numérique. Tous autant qu’ils sont poursuivent des objectifs différents. « Le numérique me permet de gagner des centaines de mille chaque mois », affirme un jeune tailleur qui a requis l’anonymat. « Je passe toutes mes commande en ligne. Je me suis créé un réseau de clients fidèles et de commerçantes de différents pays de la sous-région. Je leur envoie mes modèles et ils commandent directement en ligne  et on s’entend», sourit-t-il largement. Certaines agences mettent offrent leurs services aux usagers dans divers domaines. Aide à la recherche documentaire, de l’appui-conseil, du coaching, en passant par la recherche d’opportunités, de voyages, d’études en ligne. De même que certains partenaires financent plusieurs activités dans ce sens. L’UNFPA Bénin avec le « Learning about living » accompagne l’éducation complète à la sexualité des jeunes gens et des femmes en situation de vulnérabilité. Ainsi, ce sont plusieurs plates-formes mobiles y compris les réseaux sociaux et d’autres moyens de communication qui ont été mises en place.
La Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (CCIB), elle, a instauré « la plateforme de promotion de l’égalité des chances d’emploi dans les métiers du numérique ». Dans le domaine du numérique, elle s’est fixée entre autres comme objectif, la formation des opérateurs économiques du Bénin à l’appropriation du numérique et la promotion du savoir-faire béninois grâce à une market place dédiée (béninmarketplace.bj).
D’autres structures encore comme ENABEL au Bénin, appuient l’entrepreneuriat numérique inclusif. La digitalisation et l’émergence des nouvelles technologies sont autant de nouvelles opportunités qui s’offrent aux femmes, en particulier dans l’entrepreneuriat innovant. Pour permettre aux Structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat innovant (SAEI) de comprendre les enjeux et de jouer un rôle actif. Surtout sensibiliser et informer les femmes par rapport aux opportunités offertes par le digital et promouvoir l’égalité des genres dans l’industrie technologique. C’est ainsi qu’est née la communauté Women in Tech béninoise avec une vingtaine de femmes entrepreneuses, intervenant dans le domaine du numérique.

Encore des solutions pour s’améliorer

La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) en 2020, dans « L’évaluation rapide de l’état de préparation au commerce électronique au Bénin » propose aussi des recommandations pour améliorer davantage le numérique et la digitalisation. « Faire un recensement des solutions existantes en matière d’adressage numérique et retenir la plus appropriée au cas béninois (voir les cas du Ghana et de la Mongolie). Mettre en place des points relais dans les gares routières et/ou dans les localités les moins bien desservies. Étudier les différents modèles (public, privé, PPP) de plateformes de commerce électronique mis en place dans d’autres pays (ex. au Rwanda) », propose-t-elle.
En ce qui concerne les paiements en ligne, la CNUCED estime qu’il faut développer l’interopérabilité des services financiers. Informer les utilisateurs, tant consommateurs que producteurs, sur la sécurisation des transactions apportée par le recours au paiement en ligne, et plus généralement sur les gains potentiels à adhérer au commerce électronique via une plateforme électronique d’échange.
Dans le cadre du développement des compétences pour le commerce électronique, réaliser l’état des lieux sur l’écart entre les compétences requises, les compétences existantes et les formations proposées. Selon elle, cette identification devrait s’accompagner d’un travail de certification et d’accréditation des formations afin de fournir de la visibilité aux bénéficiaires de ces formations et aux futurs employeurs potentiels. Suivre systématiquement l’action des incubateurs et accélérateurs tout en leur proposant un système d’accréditation.

Marie-Louise Félicité BIDIAS

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