Il y a 30 ans, précisément le lundi 19 février 1990, s’ouvrait au PLM Alédjo de Cotonou, la Conférence nationale des Forces Vives. La conférence nationale est une invention béninoise. Imitée partout en Afrique noire francophone, elle porte le sceau du génie du peuple béninois. Mais 30 ans après ces assises historiques, l’élite politique est divisée sur la valeur symbolique et la place que doit occuper la Conférence nationale dans notre histoire politique. Est-elle un événement accidentel ou un fait majeur de notre histoire ? Doit-elle, peut-elle, comme certains le soutiennent, peser aujourd’hui, demain et pour toujours, sur nos choix politiques, économiques et sociaux ? ou doit-elle plutôt être considérée comme une réponse conjoncturelle aux problèmes d’un temps révolu ? Là est tout le débat qui explique aujourd’hui l’oubli délibéré et le silence pesant de l’Etat sur un événement décisif qui l’a pourtant sauvé.
Chers compatriotes, j’invite chacun à engager cette réflexion et à nous proposer d’ici le 28 février prochain, date anniversaire de clôture de la Conférence nationale, les conclusions auxquelles vous serez personnellement parvenus.
En attendant vos conclusions, le constat est douloureux. En 1990, grâce à la sagesse de quelques hommes et femmes, grâce à l’esprit de consensus et au sursaut d’un peuple, notre pays a échappé à l’humiliation suprême. Par la démocratie, oui par la démocratie, « l’enfant malade de l’Afrique » se relève, se guérit, renaît, retrouve sa dignité et rayonne dans le monde. Cette renaissance du Bénin et le respect qu’il a inspiré en Afrique et dans le monde pendant 26 ans sont l’œuvre de nos efforts communs, mais davantage de quelques acteurs. Je rends hommage au patriotisme de tous les délégués à la Conférence nationale et salue l’action décisive de Mathieu KEREKOU, de Monseigneur Isidore de SOUZA et de Nicéphore Dieudonné SOGLO.
Seulement, 30 ans plus tard, par sa passivité, l’Etat efface de notre histoire toute trace de la Conférence nationale, laisse tomber en ruine ses vestiges dont le PLM-Alédjo, fait disparaître de son discours toute référence à la Conférence, combat certaines de ses grandes résolutions, fragilise volontairement les options fondamentales faites, au nom du peuple béninois, par les délégués à la Conférence. Depuis 1960, notre pays renonce à glorifier son propre passé. Nous sommes un pays qui efface tous les jours, les traces de sa propre histoire. Rien ni personne dans notre histoire ne trouve grâce à nos yeux. Depuis 1960, seule compte la gloire éphémère des gouvernants en place jusqu’à ce que eux-mêmes ne soient effacés par les historiens de leurs successeurs. Et pourtant nous avons une histoire, de grands événements et de grands hommes.
J’invite les gouvernants d’aujourd’hui à valoriser notre histoire et à accorder un peu de place aux faits et aux acteurs du passé afin que les dirigeants qui leur succéderont demain leur réservent, à leur tour, la place qu’ils mériteront dans notre histoire.
Je propose 10 jours de réflexion sur ce qu’est devenue la Conférence nationale et la valeur qu’on doit lui accorder dans la marche de notre pays vers le progrès.
Rendez-vous le vendredi 28 février pour vos conclusions.
Meilleures pensées
Frédéric Joël AÏVO
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