Je n’ai jamais accepté le statu quo. Je ne sais non plus me taire devant l’évidence. Et par-dessus tout, j’aime mon pays, même si je n’aime pas tout ce qui s’y passe. Je l’aime pour ce qu’il est. C’est donc ce qui me motive à l’ouvrir alors qu’il semble entendu que le silence soit de mise.
A vous tous
Peut-être que vous attendez que le Président Patrice Talon vous donne l’autorisation d’être Béninois. Moi, je me passerai volontiers de cette permission, je suis Béninois, je l’ai toujours été, et ce bien avant que la plupart des acteurs qui animent la vie politique ne songe à entrer dans le jeu.
Pour moi être Béninois, c’est aussi pouvoir dire ce que je pense de mon pays. Depuis les législatives 2019, on roule dans une sorte de no man’s land démocratique, hybride et bâtard qui fatalement a mis une partie du pays en dehors du processus démocratique. Du jamais-vu en 30 ans de pratique. Certains laudateurs, bien confus et pour justifier ce désastre systémique, arguent que c’est la rançon du développement. Ce qui me fait sourire, c’est qu’un bout de goudron à Kaboul ou à Washington reste un bout de goudron, et ne dépend en rien du système politique. Tout ça pour dire, que le développement ne dépend pas de la démocratie ou de la dictature, mais la démocratie est un instrument d’évaluation du niveau de développement.
A vous les boss
Aujourd’hui nous sommes à 8 mois de la prochaine présidentielle, il y a 5 ans, à cette époque, les états-majors s’échauffaient, les candidats s’apprêtaient, les alliances se faisaient et se défaisaient et une certaine agitation animait le peuple, car proche était l’heure de la sanction. Oui, quand vous dirigez vos pères, mères, frères et sœurs, il arrive un moment où il faut rendre compte. Un moment où ils doivent vous évaluer, apprécier ce que vous valez. C’est si vital que même dans les régimes dictatoriaux où le pouvoir se transmet de père en fils, on les organise pour embellir le jeu. Une vraie élection reste un dialogue entre un peuple et ses dirigeants. Dans les démocraties, contrairement à tout autre système, c’est l’opportunité pour le peuple de sanctionner, d’approuver ou de rejeter la politique des responsables en place. Le vote démocratique est donc le pilier, la clé de voûte du système. C’est pour cela qu’il doit mettre aux prises toutes les tendances ressenties par le peuple. Il n’est donc pas question de l’enjoliver d’artifices et de se retrancher derrière des lois dites issues du parlement pour se donner bonne conscience. Ce faisant on renvoie forcément à la question de la légitimité dudit parlement qui les a votés et à sa représentativité. Un débat qui a déjà fait couler du sang et qu’il n’est pas opportun de rouvrir.
Ce qui est souhaitable, c’est qu’après les parenthèses sanglantes de 2019 et frustrantes de 2020, on ouvre enfin les élections au Bénin. Que chaque citoyen se sentant en capacité de quérir les voix de ses compatriotes puissent compétir. Ce qui se joue va au-delà des intérêts individuels ou partisans, il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation. Nous avons besoin de souffler, de faire une pause, de respirer et de continuer à croire en l’idéal qui nous rassemble autour du drapeau.
Mon grand boss, le boss des boss
Ouvrez les présidentielles 2021 pour que nous sachions qui veut prendre votre suite ou se frotter à vous.
Le faire, c’est montrer votre capacité à ouvrir un dialogue avec ceux qui vous ont donnez l’opportunité de les diriger il y a 5 ans. Le refuser, même en faisant valoir des arguments juridiques et constitutionnels, c’est leur denier le droit de valider ou de désavouer votre gouvernance après qu’ils vous l’aient confiée. Souvenez-vous que dans l’alliance de la Rupture, il y avait des gens qui avait demandé à leurs militants de se rallier à vous pour le second tour, en 2016. Près de 40% de votre électorat, si on retient que vous étiez arrivés autour de 24 % au premier tour. Ces gens-là ont besoin de valider ou de rejeter ce choix, et pour ce faire, il faut que vous ouvriez la présidentielle. Permettez à vos alliés restés fidèles, de se désister ou de vous faire face, ou encore de consolider leur alliance. Je veux parler de ABT, de GGR, de Iréné Koupaki et autres,
Peut-être que vous l’avez oublié, les 03 premiers cités jouent leurs dernières cartes (c’est leur dernière chance de briguer la magistrature suprême en 2021.). Leur silence devrait en dire long. Celui de leurs militants est beaucoup plus assourdissant et ne saurait s’accommoder de la politesse des leaders. Se reconnaissent-ils dans ces regroupements dans lesquels ils se retrouvent enfermés(UP-BR).
En tout cas, ces militants ont besoin de s’exprimer. Mais comment peuvent-ils s’exprimer hors du secret de l’isoloir et montrer qu’’ils vous préfèrent à leurs leaders, si vous ne leur offrez pas l’opportunité de faire ce choix. L’autre chose, il faut que vous sachiez que ni vous, ni ces leaders ne vous appartenez encore. Vous êtes la propriété du peuple. C’est-à-dire la foule de sympathisants et celle des détracteurs. C’est ainsi que de briguer et d’obtenir le suffrage du peuple. Vous êtes donc des instruments qui doivent être évalués pour continuer à vous flatter de votre légitimité. C’est ainsi que va le jeu démocratique, celui qui vous fonde.
Pourtant, il parait que chez vous tout le monde vous craint. Tout le monde aurait peur, il se dit également, que vous broierez le premier qui oserait lever le doigt avant que vous ne donniez le top de la candidature. A leur attention je dis qu’ils sont assez grands pour défendre leurs propres opinions, s’ils sont torturés, mais je sais que vous n’êtes pas un ogre. Pour nous autres qui pensons que vous allez nous offrir une belle mi-temps ou une belle fin de partie, selon que vous restiez ou quittiez, nous disons qu’il faut ouvrir l’élection afin de décrisper l’atmosphère, parce qu’il y a trop de frustration dans l’air. Permettez qu’on se défoule un peu.
ERIC TCHIAKPE
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