Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Gaffarou RADJI, psychologue de la vie sociale et professionnelle, thérapeute de couple et de famille, ingénieur en population santé et développement : : « …il n’y a pas que les femmes qui sont victimes de violences conjugales… »

De plus en plus de femmes meurent des suites de violences domestiques. Violences domestiques : qu’est-ce que c’est ? , que faut-il faire face à ça ?  Gaffarou RADJI, psychologue de la vie sociale et professionnelle, thérapeute de couple et de famille, ingénieur en population santé et développement nous donne quelques clarifications et conseils

Nous avons noté ces dernières années plusieurs cas de violences domestiques ayant conduit à la mort des victimes( femmes).

1-Qu’est ce que la violence domestique

La violence domestique peut être définie comme: “tous les actes de violence physique, sexuelle, physiologique ou économique, qui surviennent au sein de la famille ou du foyer ou entre des anciens ou actuels conjoints ou partenaires, indépendamment du fait que l’auteur de l’infraction partage ou a partagé le même domicile que la victime. Cette définition est celle retenue par la convention du Conseil de l’Europe (Convention d’Istanbul). Dans ce sens, on en dénombre une kyrielle de cas dont les plus importants sont:  – violences physiques: être bousculé, frappé, giflé, poussé, mordu, brûlé…   – violences verbales: cris, injures, insultes, menaces…    – violences psychologiques: être humilié, insulté, ignoré, dévalorisé, intimidé, contrôlé…. – violences sexuelles: agression sexuelle, viol, harcèlement sexuel.   – violences économiques: contrôle des dépenses, des moyens de paiement.

2-Un homme violent l’est-il naturellement ou ce sont les circonstances qui le poussent à user de violence jusqu’à tuer sa partenaire ?

 

A priori non. Et comme le disait Socrate: ” nul n’est méchant volontairement” on suppose donc que certaines conditions ou circonstances peuvent être à l’origine de l’acte.

Je voudrais aussi rappeler qu’il n’y a pas que les femmes qui sont victimes de violences conjugales. Des hommes l’ont aussi vécu. Dans une étude réalisée en 2016, Michel Mehinto a relaté que les hommes sont au quotidien victimes de violences de la part de leurs conjointes et personne n’en parle. Eux-mêmes pour des considérations d’ordre sociologique, préfèrent garder le silence.

Vous comprenez donc qu’il s’agit d’un sujet important, devenu une question de santé publique car les conséquences qu’il engendre sont nombreux.

3- Recevez vous souvent en consultation des femmes victimes de violence ?

Évidemment. Je pourrai dire que ce sont les cas que nous recevons le plus. Très peu d’hommes et les quelques rares qui viennent maquillent bien la situation.                            On dirait que les cas de  violences faites aux  femmes sont devenus la norme car il ne se passe de semaines où nous n’en recevons.

4-Quelles sont selon vous les facteurs qui poussent les femmes victimes de violence à demeurer dans ce foyer où elles sont maltraités ?.

-Regard de la société

– Éviter de mettre la honte sur sa famille

– manque de moyens pour s’occuper d’elle-même et des enfants

Les trois cas que vous avez cité. Nous sommes dans une société où une femme en âge d’aller en  mariage et qui est encore célibataire, subit des stigmatisations. Même ses parents s’affolent et n’hésitent pas à lui présenter des prétendants. Généralement une femme célibataire est une femme maudite ou de moeurs légères.  Occasionnellement, elle est exposée à certains actes de harcèlement aussi. Notre société ne tolère pas assez souvent le divorce. C’est évident qu’aucun couple ne souhaite rompre les liens. On redoute le jugement de son entourage et on se complaît dans la situation. D’autres femmes craignent pour leurs enfants. Ne se sentant pas en mesure de lutter pour la garde de leurs enfants, elles font le compromis mortel. Les questions de moyens aussi y sont pour  beaucoup des motifs qui leur font traîner le pas jusqu’à l’irréparable.

5 – vos conseils pour les femmes qui subissent les violences. Vos conseils pour les personnes proches des femmes victimes de violences domestiques

Vous pouvez éviter d’être battues ou violentées. Ça commence toujours pas un acte anodin mais significatif. Soyez attentives aux gestes de votre partenaire. N’hésitez pas à tendre la main aux  proches et aux forces de l’ordre quand vous sentez que vous ne pouvez plus supporter les excès de votre partenaires. On peut faire des sacrifices en couple mais pas au prix de sa vie. Les centres d’assistance sociaux sont un peu partout dans le pays. Faites recours à leur service si vous pensez que les psychologues ne sont pas trop accessible.

Aux proches, soyez attentifs aux cris de détresses de vos enfants victimes des actes de violences domestiques. Une oreille pour les écouter. Un doigt pour les orienter et un acte pour prévenir le pire.

Merci bien Monsieur Gaffarou RADJI

Entrevue réalisée par Karimath Foumilayo LAWANI, Présidente de l’ONG Eduquons Autrement

Page facebook : Programme Eduquons Autrement

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