Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Ayodélé Ognin, Experte en intelligence financière et accompagnement des femmes : “Il n’y a pas d’entrepreneuriat qui soit … feminin”

Si le leadership féminin n’est plus un concept nouveau, les femmes doivent elles-mêmes remarquées leurs potentialités. Ayodélé Ognin, affirme à ce titre que le développement personnel est la clé de tout succès.

Notre Époque : L’entrepreneuriat féminin n’est plus un concept nouveau. Que comprendre alors par ce concept qui ne laisse personne indifférent ?

On entend par entrepreneuriat tout d’abord, tout ce qui accompagne une activité qui pourrait générer des revenus pour créer de l’emploi et aider à subvenir à ses besoins propres. Maintenant quand il y a lieu de parler d’entrepreneuriat féminin, il faut noter que c’est la première source de création de richesse dans les familles. Il n’y a pas d’entrepreneuriat qui soit de façon spéciale feminine. Toutefois, dans notre culture africaine, particulièrement béninoise, les femmes se distinguent par leur bravoure, et leur capacité à gérer à la fois différentes activitées et petits commerces. Et même quand elles sont dans la fonction publique, elles développent la culture de vendre quelque chose dans leur lieu de travail. Tout çà pour participer aux charges de la maison.
Pour une égalité de genre équitable dans les institutions, le renforcement du leadership féminin est de plus en plus souhaité.

Pourquoi opter pour un leadership axé sur la femme ?

Qu’on le veuille ou non, dans toutes les sociétés, le fait de garder la maison est un rôle destiné à la femme. Au delà de çà, la femme a le pouvoir de cumuler plusieurs tâches. Ce qui lui permet dans bien des cas, de posséder une marge de manœuvre à ne pas sous estimer dans le domaine professionnel. Nous parlons aujourd’hui de la nécessité impérieuse d’un leadership axé sur le genre parce qu’il faut bien permettre à toutes les femmes de viser le top management. Et de ne pas juste vouloir contribuer, accompagner ou rester derrière les hommes comme elles savent bien le faire. Elles peuvent elles-aussi être leader dans les institutions. Être au devant de grands projets pour montrer à la nouvelle génération que c’est bien possible quand on est femme de diriger, de conduire de très grandes réalisations sans compromettre bien-sûr son intégrité. Pour rappel aujourd’hui, dans le monde, nous avons plus d’hommes directeurs généraux au sein des grandes institutions financières ou de grandes multinationales que de femmes. Il nous faut donc privilégier un leadership axé sur la femme pour équilibrer l’état des choses dans le monde.

En vous basant sur vos experiences globales et personnelles, quest-ce quêtre un bon leader?

Un bon leader, c’est celui-là qui possède une intelligence émotionnelle qui est en mesure de l’aider à cerner ceux qu’on accompagne tout en les instruisant qu’ils ne sont pas au dessous de nous-mêmes. Il oeuvre à ce qu’ils donnent plutôt le meilleur deux. De même, un bon leader, c’est celui-là qui a de l’empathie pour les autres et qui peut se mettre à leur place pour comprendre de quoi ils ont besoin pour pouvoir mieux les accompagner dans le but d’atteindre lobjectif commun.

Pour ceux qui désirent afffiner davantage leur leadership, quels conseils avez-vous à leur donner ?

Le développement personnel est la clé de tous succès. Il est donc nécessaire et indispensable d’apprendre. On a tous la chance d’avoir été à l’école mais l’école seule ne suffit pas. Il faut aujourd’hui pourvoir aller au delà de ce qui nous a été enseigné dans les universités et différentes formations. Il faut pourvoir donc lire assez de bouquins, suivre par exemple les programmes sur le leadership, l’entrepreneuriat (… ) Et apprendre des autres, surtout de ceux qui excellent et font déjà bien dans leur domaine et aller vers des challenges pour mieux relever des défis.

Vous êtes la promotrice de Wurami consulting. Une structure qui accompagne les femmes sur léducation financière et la gestion optimale de leurs ressources. Dites-nous, quelles activités principales menées-vous au sein de cette structure ?

Nous accompagnons les entreprises dans la gestion optimale de leurs ressources avec un focus sur les entreprises dirigées par les femmes. Nous les accompagnons dans tout ce qui est éducation financière, comment optimiser la gestion de leur ressources pour réduire leur charge dans le but d’augmenter leur bénéficice afin d’avoir une entreprise qui pourra passer le cap des 5 années. Parce qu’aujourd’hui, nous constatons que la plupart des entreprises n’ont pas cette facilité à passer le cap des cinq années et ça devient à chaque fois un éternel recommencement. Nous accompagnons les femmes sur comment avoir accès au financement dans les institutions bancaires. À ce jour, plusieurs programmes pilotés par la Banque Africaine de Développement accompagne les femmes sur le terrain, et facilite l’accès au financement. Nous, en amont, nous aidons à qui souhaiterait être un bénéficiaire à mieux structurer leur projet pour pouvoir être éligible à ses financements.

L’accès aux femmes vous cause-t’il des difficultés dans certaines régions ? Si oui, comment les surmontez-vous sans heurter les cultures locales ?

Vu que je suis une femme, c’est très facile pour moi d’approcher les femmes parce que je sais ce qu’elles vivent. Et je suis également entrepreneure donc nous parlons le même langage.
Certains systèmes de micro-crédits ont été particulièrement bénéfiques pour les femmes.

Croyez-vous que de tels programmes pourraient être renforcés, en liaison avec les programmes éducatifs ?

Quand vous êtes une personne qui lance son entreprise, on pense que tout se limite à l’argent. Que le premier problème c’est le financement. Mais, non ! D’abord c’est la stratégie de développement et de croissance de son activité qui doit pouvoir préoccuper. Et quand on passe cette étape, il est plus facile d’enregistrer des entrées. Il est alors important aujourd’hui de mettre plus l’accent sur la formation et l’accompagnement. Les finances oui, il faut quand-même accompagner les structures. C’est pour cela que je suis vraiment contente pour tout ce qui se fait dans notre pays. Au Bénin, nous avons par exemple l’ADEJ ( Agence de Développement de l’Entrepreneuriat des Jeunes, ndlr ) qui depuis 2 ans initie des programmes pour renforcer la capacité des femmes surtout les entrepreneurs vivant avec des handicaps.
Quand on se tient un peu plus à l’objectif de votre structure, on na tendance à croire qu’elle n’a pour crédo que d’aider les femmes.

Dites-nous, avez-vous uniquement que des clientes femmes ou est-ce que des hommes viennent aussi vous consulter ?

Nous accompagnons également des hommes. Aujourd’hui on parle d’égalité des chances. Donc nous ne pouvons pas discriminer les hommes et dire que nous allons nous concentrer uniquement sur les femmes. Juste que nous accompagnons un nombre un peu plus considérable de femmes que d’hommes.

Pensez-vous que nos gouvernants font assez pour renforcer la participation des femmes dans les instances de prise de décisions, notamment dans le domaine l’économie ?

Il y a une grande volonté par rapport aux années antérieures de nos dirigeants à accompagner l’entrepreneuriat féminin. Nous avons également le grand rendez-vous de 2030 qui fait que les institutions internationales et tous les projets internationaux sont concentrés sur l’ODD 5. Qui est l’Égalité des chances accompagner le développement et l’épanouissement des femmes. Et donc, tous ces mécanismes permettent de mieux accompagner l’entrepreneuriat féminin au Bénin. Il faudra donc retenir qu’au Bénin les choses bougent effectivement.

En tant que femme, quel a été votre plus gros défi au cours de votre parcours professionnel ?

La vie est faite de challenge. Rien n’est facile. Tout n’est pas difficile non plus. Quand on a la volonté et qu’on se fait bien entourer de personnes qui ont fait le chemin avant nous, on rencontre des difficultés mais qui ne sont pas insurmontables.

Par Arnauld KASSOUIN ( Coll )

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