Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Vers un monde d’égalité entre les sexes : une mission pour tous.

Une tribune signée par M. Josep Borrell et Mme Jutta Urpilainen respectivement Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité / Vice-président de la Commission européenne et Commissaire européen aux partenariats internationaux, dans le cadre de l’adoption le 24 novembre 2020, du nouveau plan d’action de l’Union européenne pour l’égalité des sexes (GAP) III. GAP III fournit un cadre politique permettant à l’UE de faire une différence au niveau national. Sa mise en œuvre renforcera la capacité d’accélérer les progrès en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles et de sauvegarder les acquis durement acquis au cours des 25 années qui ont suivi l’adoption de la Déclaration de Beijing et de son Programme d’action. GAP III contribuera également aux partenariats mondiaux, régionaux et locaux et contribuera à faire progresser le leadership et l’engagement politiques de l’Union européenne. GAP III a un ensemble de priorités qui ont été établies grâce à l’évaluation du soutien de l’UE à l’égalité des genres et aux consultations des parties prenantes avec les États membres, les organisations internationales et la société civile. Ces priorités s’appuient sur le GAP II, reflètent la stratégie de l’UE pour l’égalité des genres de mars 2020 et intègrent les priorités actuelles de la Commission européenne.

 

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Début 2020, Awa venait d’avoir 15 ans lorsqu’elle a appris que son mariage était en train d’être arrangé. S’échapper semblait difficile, mais Awa a trouvé le courage de défier la décision de son père. Son petit village au Mali avait un comité pour la prévention des mariages précoces, et elle a porté son cas devant lui. Ce groupe de personnes respectées a présenté au père d’Awa tous les arguments contre le mariage précoce et a réussi à le convaincre. C’est pour aider la cause des jeunes filles comme Awa que l’Union européenne soutient ce comité et de nombreux autres projets dans ce domaine à travers le monde.

Notre objectif en tant qu’UE est que chacun ait le même pouvoir de façonner la société et sa propre vie. Nous le mettons noir sur blanc dans notre troisième plan d’action pour l’égalité des sexes, adopté le 24 novembre, appelant à un monde d’égalité entre les sexes. Maintenant, en raison des importantes répercussions de la COVID-19 sur l’action mondiale pour l’égalité et alors que les organisations de la société civile, y compris les organisations de femmes et LGBTIQ, sont confrontées à un rétrécissement des espaces civique et démocratique, le renforcement d’un monde d’égalité entre les sexes est plus que jamais important.

L’histoire d’Awa est similaire à celle de nombreuses filles du monde entier, qui parviennent à prendre le contrôle de leur vie et à résister aux inégalités et à la discrimination fondée sur le genre social. Elles ont une voix, elles conduisent le changement et elles ont l’Union européenne à leurs côtés. En effet, les droits des femmes sont des droits humains et l’égalité des sexes est une valeur non négociable de l’UE. Cette valeur devrait se refléter dans l’action extérieure de l’UE et dans la conception de tous ses programmes de développement.

C’est avec le soutien de l’UE que Tufahah Amin, Aziza Al-Hassi et Amine Kashrouda ont développé une application pour l’enseignement en ligne à Benghazi. C’est également avec le soutien de l’UE que la plateforme Gaziantep a été lancée l’année dernière pour aider davantage de femmes à participer au processus politique syrien. Et c’est dans le cadre de l’initiative Digital2Equal soutenue par l’UE pour les plateformes en ligne que 15 000 femmes en Inde recevront une formation en hôtellerie et pourront améliorer leurs revenus.

Les défis de l’égalité entre les femmes et les hommes sont aussi variés que les contextes dans lesquels ils émergent. Ces défis appellent donc des réponses spécifiques que ce soit par le biais de forums multilatéraux, de dialogues avec les pays partenaires sur des propositions politiques de l’UE ou de financement de projets concrets. Grâce à nos programmes d’éducation, nous visons à aider davantage de filles à fréquenter l’école, à apprendre et à se considérer comme de futurs moteurs de changement. Nous pensons que l’éducation est également l’un des moyens les plus puissants de mettre fin à l’isolement et aux abus, car il n’y a pas d’option de sortie sans autosuffisance économique. Nous adoptons la notion de sécurité humaine et intégrons l’égalité des genres dans nos programmes de formation pour les opérations de gestion de crise de l’UE ; par exemple, dans le programme EUCAP Sahel Mali pour les forces de sécurité intérieure (Mission de l’UE visant au renforcement des capacités).

Pendant la pandémie de coronavirus, le niveau de violence sexiste a considérablement augmenté et l’UE s’est associée aux Nations Unies pour offrir des abris et des lignes d’assistance téléphoniques et pour apporter un soutien vital aux organisations féminines opérant sur le terrain. Les mesures sensibles au genre et à l’âge et l’atténuation des risques de violence sexiste font partie de l’ADN de la réponse mondiale de notre équipe Europe à la COVID-19. Pourtant, au-delà d’une action immédiate, nous devons rester conscients des défis auxquels les femmes sont confrontées dans un marché du travail en contraction et une économie mondiale en mutation. Mais les défis ouvrent aussi des perspectives. Nous célébrons le fait que les femmes et les filles participent de plus en plus à l’élaboration des transformations mondiales, avec de nouvelles générations actives sur le terrain pour une transition verte et juste, l’égalité des droits pour tous, la démocratie et des sociétés pacifiques et inclusives. Un changement positif est possible et la reprise post-COVID-19 doit être l’occasion de s’attaquer aux inégalités structurelles et construire des sociétés plus inclusives. Il est essentiel de souligner le rôle des femmes dans les transitions vertes et numériques à venir.

Des changements sont encore nécessaires. Cette année, 25 ans se sont écoulées depuis la Déclaration de Pékin sur les droits des femmes et 20 ans depuis l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Bien que des progrès aient été accomplis depuis, aucun pays au monde n’est sur la bonne voie pour atteindre l’égalité des genres d’ici 2030. Pas même l’Europe, comme l’a révélé la récente mise à jour de l’indice d’égalité de genre de l’Institut européen pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Trop de femmes n’ont toujours pas accès aux ressources, aux services sociaux essentiels et à l’égalité des pouvoirs. L’appel à plus d’action est donc immédiat.

Le plan d’action de l’UE pour l’égalité des sexes n’est pas un exercice sur papier. C’est un appel à l’action, avec des mesures concrètes. Nous voulons autonomiser davantage de femmes et de filles, dans toute leur diversité, pour qu’elles soient des acteurs et des leaders économiques, politiques ou environnementaux. Nous voulons continuer à intégrer les femmes, la paix et la sécurité dans le programme plus large d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes. Nous voulons promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs et faire du leadership sensible au genre la norme dans les institutions de l’UE, en donnant l’exemple.

Nous pensons que l’égalité des genres mérite d’être placée au cœur des politiques européennes. Non seulement parce qu’un monde d’égalité entre les sexes, juste et inclusif signifie un monde plus prospère et plus sûr pour nous tous, mais parce que nous considérons que l’égalité des genres est un objectif à part entière et une mission pour l’Europe, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.

Par Josep Borrell et Jutta Urpilainen

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