Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

La boucherie  : Un métier qui nécessite plus d’encadrement.

Le 25 décembre dernier, la police a procédé à la saisie des bêtes qui étaient en train d’être abattus clandestinement sur un terrain insalubre à Tokoin-Gbossimé. L’image de cette saisie musclée qui avait fait le tour des réseaux sociaux a suscité beaucoup de commentaires et de condamnations. Et pourtant, depuis février 1999, le Togo dispose d’une loi, la Loi N°99-002 relative à la police sanitaire des animaux sur le territoire national. Aux termes de l’article 25 de cette loi, « l’abattage de tous les animaux de boucherie est formellement interdit en dehors des abattoirs agréés ou en dehors des emplacements désignés par les autorités vétérinaires locales » ; à l’exception de l’abattage des  animaux  de  boucheries aux fins de  consommation personnelle. Malgré cette loi, des abattoirs clandestins qui mettent en danger, aussi bien la vie des consommateurs que la santé des riverains, pullulent.

A Tokoin-Gbossimé, en face du château d’eau dudit quartier, à côté de l’église de réveil charismatique, pratiquement sur les rails, dans un décor d’insalubrité, une demi-douzaine de jeunes s’affairaient ce jeudi matin-là à braiser un mouton et une chèvre sur un feu ardent fait de pneus de voiture. A côté, dans un décor de déchets gastriques des animaux, deux autres jeunes hommes à l’aide de l’eau puisée dans un puits sur le site et emmagasinée dans des bassines dont la saleté n’a d’égal lavent le reste des animaux égorgés.

« C’est notre lieu de travail ici. Chaque jour du matin jusqu’au soir, nous travaillons en harmonie, sur ordre du maître des lieux qui nous paie », nous racontait Esso, le visage noirci par la fumée, et qui tient entre ses doigts un bâton de cigarette.

Sur une table et à la merci des mouches se dressent des carcasses des animaux dépiécés avec habileté par l’un des jeunes hommes. La puanteur des lieux doublée du manque d’hygiène amènent à se demander comment il est possible qu’une denrée destinée à la consommation peut être traitée dans un tel décor. Et en cette période de pandémie liée au coronavirus, ces jeunes ne portent pas de cache-nez et n’appliquent pas non plus les règles de la distanciation.

« Tous les jours, ils abattent les bêtes dans des conditions d’hygiène déplorables et c’est pour contaminer la population ; ce n’est pas normal », fulmine M. Tété Mensah Bénissan, président du Syndicat des bouchers du marché de Gbossimé, qui dit les avoir sensibilisés à plusieurs reprises pour qu’ils regagnent le nouveau bâtiment aménagé au sein du marché par l’EPAM (Etablissement public autonome pour l’exploitation des marchés), en vain.

Le refus de ces bouchers clandestins de rejoindre le marché résiderait dans le paiement de taxe journalière par animal abattu, taxe qui varie entre 500 F à 4500 F pour le bœuf. Ils préfèrent la gratuité. L’autre raison du refus est que les animaux abattus sur ces lieux proviennent parfois du vol.

Sous un hangar de fortune un peu à l’écart des lieux, une dame et un monsieur attendent. L’un est venu retirer sa commande alors que l’autre y était pour faire la commande.

Aussi, ces jeunes bouchers contournent les dispositions légales en falsifiant le tampon qu’ils apposent sur la viande afin de l’écouler au marché comme s’il s’agissait des viandes issues des abattoirs ou d’autres boucheries agréés qui estampillent ou marquent leurs produits du timbre de la commune d’où elles proviennent. Ce faisant, ils ne savent pas qu’ils encourent des sanctions conformément à la loi qui dispose que : «Les auteurs d’un abattage clandestin ou d’un abattage effectué dans les conditions sanitaires non conformes à la règlementation sont punis d’un emprisonnement d’un (1) à six (6) mois et d’une amende de cent  mille francs (100.000) à deux cents mille francs (200.000) ou de l’une des deux peines ». Article 46 de la loi relative à la police sanitaire des animaux.

 

Circuit de la viande avant d’échouer dans les plats

 

Avant d’échouer dans nos plats sous forme de viande, le bétail une fois acheté à Adétikopé banlieue nord de Lomé chez les peuhls est acheminé dans la soirée à l’abattoir de Lomé. C’est le seul de la capitale qui abat les grands ruminants notamment les bœufs. Même s’il existe de petits abattoirs dans certains coins de la capitale, ils sont dédiés exclusivement aux petits ruminants. Ainsi, le matin après l’inspection des vétérinaires du ministère de l’élevage, l’animal est abattu par les ouvriers des bouchers.

Si au cours de leur contrôle, les vétérinaires détectent que la viande est de qualité douteuse, celle-ci est immédiatement retirée et incinérée. Le plus souvent, c’est la maladie du charbon qui est détectée. Après l’inspection, la viande est estampillée et peut être acheminée sur les différents marchés de la capitale. Une viande sans tampon des services de l’Office national de l’abattoir frigorifique (ONAF) est synonyme d’abattage clandestin.

Dans les marchés périphériques, le bureau du syndicat des bouchers est suppléé par les techniciens de l’ONAF qui sont en nombre insuffisant pour le contrôle.  « Il y a six mois, nous avons saisi trois bœufs qui ont été certainement abattus au niveau d’Adétikopé. Dès que nous avons constaté cela, nous avons saisi l’ONAF et ils sont venus chercher la bête », confie Tété Mensah Bénissan. Son syndicat est à la pointe de la lutte contre les abattoirs clandestins. « Nous luttons pour contre l’abattage clandestin. Il faut que la population consomme sain et soit en bonne santé », a réaffirmé le président pour qui, tous les bouchers savent que toute viande avant d’être commercialisée à la population doit être contrôlée par les agents vétérinaires agréés par l’Etat. « C’est la loi », a-t-il conclu.

Un secteur frappé de plein fouet par la crise

 

On estime à environ trois milles le nombre de bouchers travaillant au Togo. Si autrefois l’activité est pratiquée par des étrangers, aujourd’hui, le secteur est monopolisé par des Togolais qui l’occupent à  plus de 95%.

Au marché de Gbossimé, l’un des principaux marchés de Lomé, ils sont 35 bouchers à se partager le nouveau bâtiment qu’ils ont intégré dès le début de cette année. Dans ce lot, il n’y a que quatre grossistes qui achètent les bœufs, les acheminent à l’abattoir et les abat. C’est chez ces grossistes que les détaillants s’approvisionnent et versent le montant dû à la fin de la vente. « Pas que nous autres, nous ne pouvons pas acheter le bœuf entier, mais c’est pour réguler le marché, pour faire parler la loi de l’offre et de la demande », explique Kéké Vignon Kokou, boucher et Secrétaire du syndicat à Gbossimé.

Auparavant, sur l’achat d’un bœuf de 300.000 FCFA on peut faire un bénéfice de 150.000FCFA. Mais le même bœuf se vend aujourd’hui un peu plus cher, à 500.000 FCFA par exemple, or le prix de vente n’a pas varié sur le marché, évoquent les bouchers qui déplorent que depuis lors le prix du quart de bœuf est maintenu à 500 FCFA au lieu d’être fixé à 700 FCFA.

A en croire les bouchers, l’activité a aussi pris un coup ces derniers temps en raison de la mondialisation de la crise économique consécutive à la crise sanitaire. Avant, les peuls n’allaient pas à la banque pour faire des prêts. Maintenant ils le font et par conséquent, ils commencent par utiliser des produits chimiques pour avoir plus de bénéfice. Ce qui fait qu’un bœuf apparemment costaud, une fois abattu ne donne pas la quantité de viande à laquelle on devrait s’attendre. Ce qui constitue un manque à gagner pour les bouchers.

Les bouchers déplorent également la répercussion de la crise sur leurs activités. « La crise nous a mis à genou. On n’arrive plus à abattre autant d’animaux qu’avant parce que la viande peut durer deux à trois jours sur le marché. Avant, ce n’était pas le cas. On prie Dieu que le coronavirus quitte définitivement », estime Kokou pour qui les bouchers font le nécessaire pour juste récupérer ce qu’ils ont investi. « C’est par la grâce de Dieu que nous survivons », assure-t-il.

Le coronavirus a fait chuter le pouvoir d’achat des consommateurs, partant les dépenses. « Les gens ont envie d’acheter, mais n’ont pas les moyens. Ça influe sur notre activité. Par la grâce de Dieu nous avons le nécessaire pour prendre soin de nos familles », fait observer un boucher.

Se refusant de parler de leur chiffre d’affaire qui, malgré tout, serait en baisse, les bouchers estiment que la mévente se traduit par le fait qu’aujourd’hui sur le marché de Gbossimé et en moyenne par jour, seulement 4 à 6 bœufs sont abattus. Et le samedi qui est considéré comme le jour d’affluence environ 10 bœufs sont abattus alors que du côté des petits ruminants, ce chiffre oscille entre 100 et 150.

Boucherie, nourrit-il son pratiquant ?

Autrefois considéré comme le métier des ratés sociaux ou des désœuvrés, le métier de boucher a aujourd’hui évolué. Il a bonne presse et s’intellectualise. La plupart de ceux qui l’exercent ont le niveau d’étude du secondaire. C’est une activité qui s’apprend et qui nourrit son homme, car lui permettant d’être à l’abri du besoin.

Tété Mensah Bénissan, est l’un des doyens du secteur. Il totalise plus d’une trentaine d’années dans le domaine. Il a été initié chez sa belle-famille, – sans savoir à l’époque qu’un jour, c’est à ce métier qu’il s’adonnera – la famille Godjé qui est l’un des pionniers de cette activité au Togo. « Ce n’est qu’après le bac et ne trouvant rien à faire que j’ai décidé de m’y aventurer sans savoir que 30 ans plus tard je serai toujours dans le domaine », avoue M. Bénissan. Pour lui, c’est un métier qui nourrit son homme. Grâce à ce métier, il a une maison et prend soin de sa famille Kéké Vignon Kokou totalise, quant à lui, 22 ans dans le domaine. Très tôt, il s’est intéressé à la boucherie. Il était alors en classe de CP2. A l’époque, il aidait sa maman qui vendait au marché et faisait aussi la compagnie des bouchers qu’il aidait. Ce n’est qu’après 2010, le baccalauréat en poche qu’il a décidé d’en faire une activité à plein temps. « Ce  métier donnait beaucoup, mais vu la situation du pays, on se débrouille seulement », dit-il. L’essentiel, ajoute-t-il, c’est de ne pas passer par des moyens tortueux pour s’enrichir, car c’est un travail qui demande beaucoup de sainteté.

Il balaie du revers de la main ceux qui pensent que c’est un métier de délinquants. Compte tenu du fait que la boucherie fait usage d’arme blanche, le métier est régit par un règlement intérieur strict qui n’autorise l’usage de ces armes que dans le cadre professionnel. La boisson sur le lieu du travail est interdite, le respect de l’hygiène y est obligatoire.

Pour ces bouchers, les abattoirs clandestins sont une épine dans leurs souliers et leur combat va dans cette direction pour donner la lettre de noblesse à leur corps. «  Notre combat, c’est la lutte contre l’abattage clandestin. Et la loi l’interdit aussi. Je soutiens les saisies puisque la consommation de viandes non contrôlées est très dangereuse pour la santé», conclut M. Bénissan.

 

Source: Coulisse des consommateurs.

togoscoop.info

Le 25 décembre dernier, la police a procédé à la saisie des bêtes qui étaient en train d’être abattus clandestinement sur un terrain insalubre à Tokoin-Gbossimé. L’image de cette saisie musclée qui avait fait le tour des réseaux sociaux a suscité beaucoup de commentaires et de condamnations. Et pourtant, depuis février 1999, le Togo dispose d’une loi, la Loi N°99-002 relative à la police sanitaire des animaux sur le territoire national. Aux termes de l’article 25 de cette loi, « l’abattage de tous les animaux de boucherie est formellement interdit en dehors des abattoirs agréés ou en dehors des emplacements désignés par les autorités vétérinaires locales » ; à l’exception de l’abattage des  animaux  de  boucheries aux fins de  consommation personnelle. Malgré cette loi, des abattoirs clandestins qui mettent en danger, aussi bien la vie des consommateurs que la santé des riverains, pullulent.

A Tokoin-Gbossimé, en face du château d’eau dudit quartier, à côté de l’église de réveil charismatique, pratiquement sur les rails, dans un décor d’insalubrité, une demi-douzaine de jeunes s’affairaient ce jeudi matin-là à braiser un mouton et une chèvre sur un feu ardent fait de pneus de voiture. A côté, dans un décor de déchets gastriques des animaux, deux autres jeunes hommes à l’aide de l’eau puisée dans un puits sur le site et emmagasinée dans des bassines dont la saleté n’a d’égal lavent le reste des animaux égorgés.

« C’est notre lieu de travail ici. Chaque jour du matin jusqu’au soir, nous travaillons en harmonie, sur ordre du maître des lieux qui nous paie », nous racontait Esso, le visage noirci par la fumée, et qui tient entre ses doigts un bâton de cigarette.

Sur une table et à la merci des mouches se dressent des carcasses des animaux dépiécés avec habileté par l’un des jeunes hommes. La puanteur des lieux doublée du manque d’hygiène amènent à se demander comment il est possible qu’une denrée destinée à la consommation peut être traitée dans un tel décor. Et en cette période de pandémie liée au coronavirus, ces jeunes ne portent pas de cache-nez et n’appliquent pas non plus les règles de la distanciation.

« Tous les jours, ils abattent les bêtes dans des conditions d’hygiène déplorables et c’est pour contaminer la population ; ce n’est pas normal », fulmine M. Tété Mensah Bénissan, président du Syndicat des bouchers du marché de Gbossimé, qui dit les avoir sensibilisés à plusieurs reprises pour qu’ils regagnent le nouveau bâtiment aménagé au sein du marché par l’EPAM (Etablissement public autonome pour l’exploitation des marchés), en vain.

Le refus de ces bouchers clandestins de rejoindre le marché résiderait dans le paiement de taxe journalière par animal abattu, taxe qui varie entre 500 F à 4500 F pour le bœuf. Ils préfèrent la gratuité. L’autre raison du refus est que les animaux abattus sur ces lieux proviennent parfois du vol.

Sous un hangar de fortune un peu à l’écart des lieux, une dame et un monsieur attendent. L’un est venu retirer sa commande alors que l’autre y était pour faire la commande.

Aussi, ces jeunes bouchers contournent les dispositions légales en falsifiant le tampon qu’ils apposent sur la viande afin de l’écouler au marché comme s’il s’agissait des viandes issues des abattoirs ou d’autres boucheries agréés qui estampillent ou marquent leurs produits du timbre de la commune d’où elles proviennent. Ce faisant, ils ne savent pas qu’ils encourent des sanctions conformément à la loi qui dispose que : «Les auteurs d’un abattage clandestin ou d’un abattage effectué dans les conditions sanitaires non conformes à la règlementation sont punis d’un emprisonnement d’un (1) à six (6) mois et d’une amende de cent  mille francs (100.000) à deux cents mille francs (200.000) ou de l’une des deux peines ». Article 46 de la loi relative à la police sanitaire des animaux.

 

Circuit de la viande avant d’échouer dans les plats

 

Avant d’échouer dans nos plats sous forme de viande, le bétail une fois acheté à Adétikopé banlieue nord de Lomé chez les peuhls est acheminé dans la soirée à l’abattoir de Lomé. C’est le seul de la capitale qui abat les grands ruminants notamment les bœufs. Même s’il existe de petits abattoirs dans certains coins de la capitale, ils sont dédiés exclusivement aux petits ruminants. Ainsi, le matin après l’inspection des vétérinaires du ministère de l’élevage, l’animal est abattu par les ouvriers des bouchers.

Si au cours de leur contrôle, les vétérinaires détectent que la viande est de qualité douteuse, celle-ci est immédiatement retirée et incinérée. Le plus souvent, c’est la maladie du charbon qui est détectée. Après l’inspection, la viande est estampillée et peut être acheminée sur les différents marchés de la capitale. Une viande sans tampon des services de l’Office national de l’abattoir frigorifique (ONAF) est synonyme d’abattage clandestin.

Dans les marchés périphériques, le bureau du syndicat des bouchers est suppléé par les techniciens de l’ONAF qui sont en nombre insuffisant pour le contrôle.  « Il y a six mois, nous avons saisi trois bœufs qui ont été certainement abattus au niveau d’Adétikopé. Dès que nous avons constaté cela, nous avons saisi l’ONAF et ils sont venus chercher la bête », confie Tété Mensah Bénissan. Son syndicat est à la pointe de la lutte contre les abattoirs clandestins. « Nous luttons pour contre l’abattage clandestin. Il faut que la population consomme sain et soit en bonne santé », a réaffirmé le président pour qui, tous les bouchers savent que toute viande avant d’être commercialisée à la population doit être contrôlée par les agents vétérinaires agréés par l’Etat. « C’est la loi », a-t-il conclu.

Un secteur frappé de plein fouet par la crise

 

On estime à environ trois milles le nombre de bouchers travaillant au Togo. Si autrefois l’activité est pratiquée par des étrangers, aujourd’hui, le secteur est monopolisé par des Togolais qui l’occupent à  plus de 95%.

Au marché de Gbossimé, l’un des principaux marchés de Lomé, ils sont 35 bouchers à se partager le nouveau bâtiment qu’ils ont intégré dès le début de cette année. Dans ce lot, il n’y a que quatre grossistes qui achètent les bœufs, les acheminent à l’abattoir et les abat. C’est chez ces grossistes que les détaillants s’approvisionnent et versent le montant dû à la fin de la vente. « Pas que nous autres, nous ne pouvons pas acheter le bœuf entier, mais c’est pour réguler le marché, pour faire parler la loi de l’offre et de la demande », explique Kéké Vignon Kokou, boucher et Secrétaire du syndicat à Gbossimé.

Auparavant, sur l’achat d’un bœuf de 300.000 FCFA on peut faire un bénéfice de 150.000FCFA. Mais le même bœuf se vend aujourd’hui un peu plus cher, à 500.000 FCFA par exemple, or le prix de vente n’a pas varié sur le marché, évoquent les bouchers qui déplorent que depuis lors le prix du quart de bœuf est maintenu à 500 FCFA au lieu d’être fixé à 700 FCFA.

A en croire les bouchers, l’activité a aussi pris un coup ces derniers temps en raison de la mondialisation de la crise économique consécutive à la crise sanitaire. Avant, les peuls n’allaient pas à la banque pour faire des prêts. Maintenant ils le font et par conséquent, ils commencent par utiliser des produits chimiques pour avoir plus de bénéfice. Ce qui fait qu’un bœuf apparemment costaud, une fois abattu ne donne pas la quantité de viande à laquelle on devrait s’attendre. Ce qui constitue un manque à gagner pour les bouchers.

Les bouchers déplorent également la répercussion de la crise sur leurs activités. « La crise nous a mis à genou. On n’arrive plus à abattre autant d’animaux qu’avant parce que la viande peut durer deux à trois jours sur le marché. Avant, ce n’était pas le cas. On prie Dieu que le coronavirus quitte définitivement », estime Kokou pour qui les bouchers font le nécessaire pour juste récupérer ce qu’ils ont investi. « C’est par la grâce de Dieu que nous survivons », assure-t-il.

Le coronavirus a fait chuter le pouvoir d’achat des consommateurs, partant les dépenses. « Les gens ont envie d’acheter, mais n’ont pas les moyens. Ça influe sur notre activité. Par la grâce de Dieu nous avons le nécessaire pour prendre soin de nos familles », fait observer un boucher.

Se refusant de parler de leur chiffre d’affaire qui, malgré tout, serait en baisse, les bouchers estiment que la mévente se traduit par le fait qu’aujourd’hui sur le marché de Gbossimé et en moyenne par jour, seulement 4 à 6 bœufs sont abattus. Et le samedi qui est considéré comme le jour d’affluence environ 10 bœufs sont abattus alors que du côté des petits ruminants, ce chiffre oscille entre 100 et 150.

Boucherie, nourrit-il son pratiquant ?

Autrefois considéré comme le métier des ratés sociaux ou des désœuvrés, le métier de boucher a aujourd’hui évolué. Il a bonne presse et s’intellectualise. La plupart de ceux qui l’exercent ont le niveau d’étude du secondaire. C’est une activité qui s’apprend et qui nourrit son homme, car lui permettant d’être à l’abri du besoin.

Tété Mensah Bénissan, est l’un des doyens du secteur. Il totalise plus d’une trentaine d’années dans le domaine. Il a été initié chez sa belle-famille, – sans savoir à l’époque qu’un jour, c’est à ce métier qu’il s’adonnera – la famille Godjé qui est l’un des pionniers de cette activité au Togo. « Ce n’est qu’après le bac et ne trouvant rien à faire que j’ai décidé de m’y aventurer sans savoir que 30 ans plus tard je serai toujours dans le domaine », avoue M. Bénissan. Pour lui, c’est un métier qui nourrit son homme. Grâce à ce métier, il a une maison et prend soin de sa famille Kéké Vignon Kokou totalise, quant à lui, 22 ans dans le domaine. Très tôt, il s’est intéressé à la boucherie. Il était alors en classe de CP2. A l’époque, il aidait sa maman qui vendait au marché et faisait aussi la compagnie des bouchers qu’il aidait. Ce n’est qu’après 2010, le baccalauréat en poche qu’il a décidé d’en faire une activité à plein temps. « Ce  métier donnait beaucoup, mais vu la situation du pays, on se débrouille seulement », dit-il. L’essentiel, ajoute-t-il, c’est de ne pas passer par des moyens tortueux pour s’enrichir, car c’est un travail qui demande beaucoup de sainteté.

Il balaie du revers de la main ceux qui pensent que c’est un métier de délinquants. Compte tenu du fait que la boucherie fait usage d’arme blanche, le métier est régit par un règlement intérieur strict qui n’autorise l’usage de ces armes que dans le cadre professionnel. La boisson sur le lieu du travail est interdite, le respect de l’hygiène y est obligatoire.

Pour ces bouchers, les abattoirs clandestins sont une épine dans leurs souliers et leur combat va dans cette direction pour donner la lettre de noblesse à leur corps. «  Notre combat, c’est la lutte contre l’abattage clandestin. Et la loi l’interdit aussi. Je soutiens les saisies puisque la consommation de viandes non contrôlées est très dangereuse pour la santé», conclut M. Bénissan.

 

Source: Coulisse des consommateurs.

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