Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Coronavirus : Point des mesures prises par le gouvernement

Le ministre de la santé, Monsieur Benjamin HOUNKPATIN fait à travers cet entretien, le point des mesures prises par le gouvernement du Bénin au sujet de l’épidemie mondiale du Coronavirus.

Bonjour Monsieur Benjamin HOUNKPATIN, Ministre de la santé.

Le Coronavirus est aux portes du Bénin. Quelles sont les dispositions qui sont prises par le gouvernement à ce sujet?

Le Gouvernement a pris les dispositions pour être prêt à faire face à l’épidémie du covid-19. En effet, lorsqu’on parle d’épidémie, il y a un certain nombre de dispositions qui doivent être prises notamment par rapport :

au volet coordination de la riposte,

au volet surveillance,

au volet laboratoire,

à la prévention,

au contrôle de l’infection et à la prise en charge et,

au volet communication.

Il faut dire qu’en ce qui concerne la coordination,

Le Gouvernement dès que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé cette épidémie comme une urgence de santé publique, a pris la mesure des choses et a mis en place un comité interministériel composé de moi-même ( Ministre de la santé) , du Ministre des affaires étrangères et de la coopération, du ministre de l’intérieur et de la sécurité publique et du Ministre des infrastructures et des transports par rapport évidemment à la couverture complète des volets qui doivent être adressés par rapport à cette épidémie. Ce comité également faisait appel à tous les autres ministres qui pouvaient à des moments nous appuyer.

En dehors de ce comité interministériel mis en place par le Gouvernement il y a le comité national de crise sanitaire qui est au niveau du Ministère de la santé et qui est présidé par moi-même et qui est composé du Conseil national de lutte contre le sida la tuberculose, le paludisme et les épidémies (Cnlstp) présidé par le Président de la République et des autres partenaires techniques financiers du secteur de la santé. Ce Comité existe déjà et a été réactivé. Tous ces comités se réunissent au moins une fois par semaine afin de préparer justement la situation à laquelle nous faisons face aujourd’hui.

En dehors de ce volet coordination, j’avais parlé du volet surveillance.

Ce volet a été également mis en place notamment au niveau de la plateforme aéroportuaire et au niveau des frontières terrestres.

Il y a le volet laboratoire qui est un volet très important parce que lorsque vous avez des cas qui viennent, vous les mettez en quarantaine. Et lorsque vous les mettez en quarantaine il faut à tout prix, être en mesure de poser le diagnostic assez rapidement pour soit les garder et les soigner ou alors lever la quarantaine pour qu’ils puissent rentrer chez eux. Plus la quarantaine dure, plus les sujets sont anxieux, plus vous avez du mal à gérer. Donc faire le diagnostic en un temps record est indispensable. Aujourd’hui, le Bénin est également l’un des pays à même de poser le diagnostic sur place.

En dehors de ce volet laboratoire il y a le volet prévention, contrôle de l’infection et prise en charge.

A ce niveau, il faut des ressources humaines pour pouvoir affronter l’épidémie. Nous avons une équipe de volontaires dédiés qui sont déjà là, prêts, formés pour faire face et une partie du personnel a été déployée au niveau de la plateforme aéroportuaire et au niveau des frontières terrestres pour non seulement scanner les passagers ou bien ceux qui traversent les frontières avec des dispositifs adéquats notamment les caméras thermiques, des scanners thermiques ou des pistolets thermiques.

En dehors de ces ressources humaines nous avons évidemment les infrastructures. Aujourd’hui nous avons mis en place des sites d’isolement adaptés conformes aux normes internationales. Plusieurs sont dans Cotonou et également au niveau des départements et des zones sanitaires de tout le pays. Nous avons donné les instructions nécessaires pour que les directeurs départementaux de santé, les médecins coordonnateurs identifient des formations sanitaires qui puissent être libérées immédiatement totalement pour qu’on puisse les transformer en centre d’isolement et assurer la prise en charge des cas. Egalement il y a le volet des intrants. Aujourd’hui vous savez bien la polémique par rapport aux masques. Il y a une pénurie de masque dans le monde mais le Gouvernement a pris la mesure des choses assez tôt et aujourd’hui nous avons à disposition dans le pays une quantité suffisante de masque pour faire face. Nous avons des gels hydro alcooliques pour la désinfection des mains et également la solution chlorée pour pouvoir désinfecter les mains.

Et enfin vous nous avons le volet communication pour pouvoir sensibiliser la population sur les mesures à prendre les choses éviter. Donc c’est cet ensemble de mesures que le Gouvernement a eu à mettre en place par rapport à cette épidémie.

Vous avez parlé de caméras thermiques au niveau de l’aéroport.

Qu’en est-il des frontières terrestres? S’agit-il du même dispositif?

Au niveau des frontières terrestres nous avons mis en place des équipes de santé qui travaillent en collaboration avec les équipes du Ministère de l’intérieur et qui disposent des pistolets thermiques. Ce sont des pistolets qui permettent de flasher à distance pour savoir la température exacte des sujets qui traversent. Ces équipes ont à disposition également des solutions chlorées qui permettent de se désinfecter les mains au niveau des frontières et des gels hydro-alcooliques. Donc, partout, sur tous les postes frontaliers du Bénin, ce dispositif a été déployé.

Sur le plan de la veille sanitaire, est-ce que vous pensez qu’on est réellement prêt?

Si un cas s’enregistrait au Bénin est-ce qu’on peut réagir rapidement?

Nous avons eu à faire des exercices de simulation parce que pour faire face à ce genre d’épidémie il faut être totalement prêt. Pour être prêt lorsqu’on met en place les dispositifs il faut les tester. Je prends l’exemple de l’aéroport. Déjà au niveau de l’aéroport, dans les avions nous avons mis en place des mesures pour que les communiqués passent à l’intérieur avant l’atterrissage pour sensibiliser les passagers sur les mesures qui sont en vigueur au niveau de l’aéroport avec des documents à remplir qui nous permettent après lorsque les passagers atterrissent et qu’il y a un sujet qui serait par exemple à risque qu’on puisse localiser automatiquement tous les passagers qui sont autour et qui auraient pu être exposés. En dehors de cela, lorsqu’ils atterrissent, à l’aéroport, non seulement nous avons les pistolets thermiques, nous avons le scanner thermique mais mieux nous avons les caméras thermiques qui ne sont pas visibles des passagers mais qui à distance nous permettent sur un écran de savoir si un sujet a la température ou pas.

En dehors de cela nous avons à l’aéroport des masques pour protéger le personnel qui a été totalement briefé par rapport à cette approche et tout cela a été fait en faisant des exercices de simulation notamment entre l’aéroport et le site d’isolement mais également entre les sites d’isolement et les frontières terrestres pour voir quelle est notre capacité de riposte lorsque nous aurons à gérer un cas. Il faut dire que depuis que nous avons mis en place ce dispositif depuis le 30 janvier 2020, nous avons eu à gérer 40 cas par rapport à l’auto-isolement. Parce que ce qui est recommandé est que lorsque nous avons un cas qui vient d’un pays où il y a cette maladie, nous recommandons fortement par rapport à ce que l’OMS recommande évidemment, que le sujet puisse se mettre en auto isolement et nous les suivons. Il y a une équipe de santé qui se déplace qui les suit à domicile jusqu’à ce que la période de quarantaine de 14 jours puisse passer et que nous puissions nous assurer que ce sujet n’est plus dangereux.

Quand une personne vient par exemple d’un pays touché par cette épidémie, quelles sont les précautions qu’il doit prendre?

Dès l’atterrissage ou avant même l’atterrissage le premier message qui passe actuellement est que lorsqu’on vient d’un pays à risque qui est gravement touché il faut déjà se signaler aux agents qui sont à l’aéroport mais également avoir la possibilité d’appeler trois numéros de téléphone. Ce sont les numéros 95361107, le 51020000 ou le 51040000 qui sont des numéros au bout desquels il y a des opérateurs qui orientent ces passagers par rapport aux mesures à prendre.

Quelles sont ces mesures qu’ils doivent suivre?

La première chose c’est l’auto isolement. Ils viennent d’un pays à risque, ils peuvent avoir été contaminés. Mais il faut savoir que la période d’incubation c’est à dire la période pendant laquelle le virus peut maintenant s’extérioriser et présenter des signes cette période va jusqu’à 14 jours. Donc ils peuvent bien arriver ne pas présenter des signes mais avoir déjà le virus avec eux. Donc, on leur recommande fortement, on leur prescrit disons de respecter un auto-isolement. C’est à dire qu’ils vont chez eux, ils s’éloignent des autres personnes, ils restent seuls ou bien s’ils sont à l’hôtel, ils restent seuls dans leur chambre ou dans un guest-house pendant 14 jours. Ils se font servir à manger et s’ils ont un dispositif de température, ils peuvent surveiller leur température. Et si jamais ils présentaient des signes qui peuvent être la fièvre, la toux, le rhume ou autres, alors ils appellent immédiatement le numéro du SAMU qui est le 95361102 ou le 95361104. Ils appellent le SAMU qui déploie immédiatement une équipe vers eux.

La deuxième chose fondamentale est qu’ils doivent éviter automatiquement tout contact avec qui que ce soit et mettre en place une bavette c’est à dire un masque qui va couvrir aussi bien le nez que la bouche afin d’éviter que les effluves qui sortent lorsqu’on tousse ne puissent aller à terre, toucher quelqu’un ou quelque chose et servir de sources de contamination. Ils ne doivent surtout pas se rendre dans une structure sanitaire, dans une pharmacie ou dans un hôpital, dans un service d’urgence ou appeler leur médecin propre qu’ils avaient avant pour lui dire de venir les examiner. Ils ne doivent en aucun cas le faire au risque de les contaminer. Or, comme vous le savez, les plus exposés dans ce genre d’épidémie c’est le personnel sanitaire. Lorsque le personnel sanitaire est touché, eux, ils sont en contact avec beaucoup de personnes touchées, ils vont propager la contamination automatiquement.

Donc, il est fondamental que ces mesures soient respectées. S’auto-isoler et lorsqu’on a des signes, appeler le SAMU, éviter tout contact, porter un masque ou une bavette et surtout éviter de se rendre dans un centre de santé. Attendre que le SAMU vienne les chercher. Ce sont vraiment les mesures qu’on recommande par rapport à ceux qui viennent des zones à risque.

Qu’est-ce qui est fait pour garantir la sécurité des béninois qui vivent dans des pays touchés par l’épidémie.

Pour garantir la sécurité des béninois qui vivent dans ces pays, le Gouvernement a pris des mesures. Je prends l’exemple des étudiants qui vivent dans la province de Hunan qui a été isolée. Automatiquement, il y a eu une cellule de crise qui a été mise en place par le Gouvernement au niveau du Ministère des affaires étrangères et de la coopération cellule que le Ministère de la santé appuie à travers la mise à disposition d’un psychologue qui permet de communiquer avec ces étudiants quotidiennement. En dehors de cela, le Gouvernement a eu à mettre en place des fonds à disposition de ces personnes pour qu’ils puissent pourvoir à leurs besoins parce que lorsqu’on est en quarantaine on ne peut plus faire d’autres travaux. On a forcément besoin de ressources financières. Donc, nous maintenons le contact avec ces personnes notamment avec ces étudiants dont le président a eu la chance et était déjà rentré au Bénin. Donc, grâce à lui, nous avons établi le contact et de façon permanente et régulière, nous avons pu établir le contact avec eux pour les appuyer, les soutenir moralement et financièrement.

Depuis quelques jours, il y a une polémique sur la chloroquine par rapport à son efficacité au sujet de l’épidémie , qu’en pensez vous ?

Je voudrais vous dire qu’aujourd’hui il n’y a pas encore de recommandations formelles par rapport à l’utilisation de cette molécule pour traiter mais le Gouvernement a également pris la mesure des choses et si jamais il s’avérait que cette molécule se révélait efficace, je peux vous rassurer que c’est disponible déjà au Bénin

Quel est le message que vous avez à porter aux béninois actuellement?

Le message le plus important que j’ai à porter est de dire aux béninois de rester sereins. Le Gouvernement a pris la mesure des choses et s’est préparé à faire face. Il ne faut surtout pas paniquer. Il faut veiller à respecter les mesures que nous diffusons actuellement. C’est à dire que lorsqu’on présente des signes qui font évoquer cette maladie et qu’on provienne d’une zone à risque il faut pouvoir appeler le SAMU. Il faut se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon. Ce geste simple permet d’éliminer beaucoup de choses. Lorsqu’on est malade et qu’on tousse, il ne faut pas cracher parterre. Il ne faut pas se moucher parterre. Il faut protéger son visage, c’est à dire le nez et la bouche avec des cache-nez. Lorsqu’on utilise des mouchoirs, des cache-nez, il faut les jeter systématiquement dans des poubelles. Il ne faut pas les laisser trainer par terre. Il ne faut pas aller s’amuser avec des animaux malades. Il ne faut pas en manger et il ne faut pas les manipuler. Évidemment, lorsqu’on est un peu souffrant et qu’on est en train de voyager et qu’on constate qu’on a des signes, il faut immédiatement alerter l’équipage. Lorsqu’on est à bord d’un avion par exemple. Avec le respect de ces mesures, on est à même de pouvoir contrôler cette épidémie.

Je vous remercie.

 

Le Journal de NOTRE EPOQUE