Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Soutenance de thèse de doctorat en matériaux et structures matériaux pour Génie civil : : Daniel Agossou, innove avec une nouvelle méthode de construction à base de matériaux dorigine minérale et dorigine végétale

Désormais Docteur des universités d’Abomey-Calavi et de l’Université de Lorraine en France, Daniel Agossou a défendu sa thèse devant un jury pluridisciplinaire des deux universités. A travers le thème «Etude de la mise en oeuvre du rotin et du rônier comme armature des nervures et armatures de paillasse de la table de compression en béton de latérite», l’impétrant a séduit les membres du jury pour la qualité de son travail et les innovations contenues dans le document. Selon le professeur Edmond Adjovi, directeur de thèse de l’impétrant, la particularité est que c’est un travail innovant. Innovant en ce sens qu’on a trouvé la solution de substituer deux matériaux d’origine minérale et d’origine végétale au sable conventionnel et à l’acier dans le béton armé. La seconde particularité est que le mérite revient au doctorant. Cest un travail très difficile, c’est un travail expérimental et qu’il faille utiliser de la méthode, du courage, de l’abnégation pour arriver à un travail fini comme ça». Le professeur confirme donc que ce sont ces aspects qui ont «impressionné les jurys qui ont donné des félicitations à l’étudiant pour le travail accompli».

Daniel Agossou, le désormais docteur de l’Université d’Abomey-Calavi et de l’Université de Lorraine fait savoir que «C’est une thèse de valorisation de matériaux locaux. Qui dit matériaux locaux, cest des matériaux de proximité». Pour ce faire, il explique que «nous avons utilisé ces matériaux pour monter un nouveau système de construction pour alléger la tâche à la population. Les matériaux couramment utilisés comme le béton et le fer que nous connaissons, sont des matériaux qui dégagent de gaz à effet de serre et qui ont un impact sur la santé de l’humain. Nous élaborons de nouveaux matériaux pour sauvegarder l’environnement et aussi pour préserver la santé de la population». De ses recherches, Daniel Agossou informe que «la substance finale du travail est d’utiliser ces différents matériaux pour faire de nouveaux types de construction. Ce qui est innovant dedans est que nous avons utilisé la latérite pour faire du béton et du bois pour armer ce béton».
«Pour adopter notre solution, il suffit d’aller chercher le bois de rônier dans la brousse et le transformer, les lianes de rotin dans les marécages, les transformer et associer ça au béton d’origine latéritique pour faire les nouvelles constructions qui sont très écologiques. Si ça devient une pratique, on aura une population en bonne santé physique et mentale», rassure le chercheur qui espère poursuivre les travaux. «Comme perspectives, tout œuvre humaine est toujours perfectible. Nous allons toujours continuer par travailler pour beaucoup plus pour perfectionner le travail déjà abattu afin que ça puisse être encore plus utile à la population».
Au terme de sa présentation et l’acceptation du travail, le docteur Daniel Agossou salue les apports des membres des deux jurys et les observations apportées. «Merci pour les jurys pour leur apport scientifique, leur apport critique afin que le travail que nous avons conduit du début jusque-là qui a été validé aujourdhui et nous ait conféré le grade de docteur soit un travail accepté de tous».
Il faut dire que la thèse soutenue par Daniel Agossou a été dirigé par les Professeurs Abdelouahab Khelil et Edmond Adjovi, co-tutelle avec luniversité « Université de Lorraine/ IUT Nancy-Brabois (France). Le jury de soutenance est composé de Yvette Tankpinou Kiki, examinatrice, université de sciences technologie, ingénierie et mathématiques, Abdelouahab Khelil, université de Lorraine, Edmond Adjovi, Université dAbomey-Calavi, Rémi Boissière, université de Lorraine, Emmanuel OLODO, Université dAbomey-Calavi, Abdelhamid BOUCHAIR Université Clermont Ferrand 2, Adamah MESSAN, Institut International dIngénierie de l’Eau et de l’Environnement (2IE) Burkina Faso, Mme Cécile DILIBERTO, Université de Lorraine et André LECOMTE, IJL IUT Nancy Brabois 54601 Villiers les Nancy.

RESUME
Chacun s’accorde aujourd’hui sur l’impact de la production des matériaux industrielles sur le changement climatique. Le secteur de la construction est l’un des principaux responsables de cette situation car c’est le premier consommateur d’énergie et le deuxième émetteur de CO2 dans le monde. L’épuisement de certains gisements de matériaux est aussi l’un des problèmes que connait l’humanité. Il importe par conséquent de réaliser des bâtiments éco-respectueux, qui consomment peu d’énergie et émettent moins de gaz à effet de serre sur l’ensemble de leur cycle de vie. La présente étude s’intègre dans une problématique générale de développement de matériaux de construction innovants à faible impact environnemental. Elle propose à cet effet un béton à base de granulat latéritique avec substitution des armatures en acier par celles en bois de rônier (Borassus Aethiopum) et rotin (Calamus Dearatus) pour la réalisation des parties d’ouvrages en béton armé plus spécifiquement les planchers.
Cette étude a été conduite sur la latérite de la carrière de ATOTINGA dans la commune de ALLADA au Bénin où nous avons fait sa caractérisation physique et mécanique et proposé une méthode de formulation de béton structurel à base de cette latérite. Aussi avons-nous caractérisé les différents matériaux d’origine végétale (rônier et rotin) pour une maitrise de leur performance mécanique. La formulation du béton de latérite nous a permis d’élaborer trois types de béton latériques. L’utilisation de la latérite brute (non lavé) nous a conduit à un béton dont la résistance en compression à 28 jours est de 21,23±1,24 MPa. Cependant, le lavage par élimination des particules fine de dimensions inférieures à 63µm a permis de rehausser cette résistance jusqu’à 27,52±0,32 MPa avec module d’élasticité de 17920±324MPa.
Les armatures végétales proposée ont développé respectivement une contrainte de rupture en traction directe parallèle aux fibres du bois de rônier et des lianes de rotin de 156MPa et 22MPa. L’adhérence mesurée entre le béton de latérite et les armatures en rônier de diverses manières a montré que cette adhérence pouvait atteindre 4MPa. Ces performances ont validé notre approche d’élaboration d’un plancher en éco matériaux en respect de l’environnement. Il ressort que le plancher ainsi élaboré pour avoir des portées allant jusqu’à 3,50m. Le dimensionnement de la poutrelle de ce dernier suivant la norme BAEL 91 modifié 99 révèle qu’une section d’armature de diamètre 25mm pourrait efficacement être une solution à la réalisation d’un plancher. Cependant, l’étude analytique de la poutrelle ainsi dimensionnée comparée à la simulation numérique à l’aide du logiciel ABAQUS a permis de comprendre l’état de déformation et de montrer l’efficacité structural et l’efficience d’un plancher à corps creux en béton de latérite armé d’armature de rônier et de rotin dans la réalisation des planchers modernes des logement sociaux de portée jusqu’à 3,15 mètres.
Mots clés : Latérites, granulats, bétons, formulation, propriétés mécaniques, rônier, rotin

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