Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Nomination du Sénégalais Babacar Camara au poste de Directeur Général adjoint des douanes du Bénin  : «Ce choix n’est nullement un mépris des compétences nationales de l’administration douanière » selon Me Jacques MIGAN

Me Jacques MIGAN,  Que pensez-vous de la nomination du Sénégalais Babacar Camara au poste de Directeur Général adjoint des douanes du Bénin ?
Pour essayer de comprendre le choix du Président Patrice Talon d’avoir fait appel à un expatrié pour assumer les fonctions de Directeur Général adjoint des Douanes et Droits indirects, il faut d’abord comprendre le choix préalable du profil qui est celui du  Directeur Général des douanes depuis le 22 septembre 2021. Tout d’abord, il faut retenir que le chef de l’État Patrice Talon ne nous a pas habitué aux nominations hasardeuses et fantaisistes comme nous en avons connues par le passé. Chaque nomination prononcée depuis  avril 2016 obéit au principe de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.
Si à un moment donné, le gouvernement a dû nommer M. Alain HINKATI, un expert-comptable chevronné, un non douanier en tous cas , pour diriger l’administration douanière, c’est en raison de l’expertise avérée de celui- ci en matière de lutte contre la fraude , domaine dans lequel il a fait ses preuves un peu partout dans le monde. En effet, il n’y a pas aujourd’hui un seul béninois qui peut douter de ce que notre système douanier ait été fondé sur une mentalité qui n’est pas bonne et qui rime avec une fausse perception sociale du douanier, de sa vie et de son travail. Dans l’imaginaire collectif au Bénin, l’agent des douanes, c’est le riche. Et c’est à juste titre que l’agent des douanes, lui aussi vit très différemment des autres fonctionnaires de l’État. C’est sur le fondement du douanier absolument riche que notre administration douanière a été bâtie. La conséquence d’une telle illusion généralisée , c’est que nous avons un service douanier qui doit relever à la fois le défi de la lutte contre la fraude douanière chez les commerçants et la lutte contre les fraudes internes au système douanier national. Les fraudes internes ont atteint des proportions alarmantes au fil des années et sont entretenues par des réseaux animés et alimentés par des cadres des douanes. Presque tous les douaniers que ce pays a connus, quelques soient leurs grades, ont participé à l’institutionnalisation du système frauduleux et ils en ont profité. C’est pour cette raison qu’il n’y avait pas dans ce pays presque de douanier qui ne vit dans l’opulence, l’abondance et l’extravagance. Les énormes patrimoines financiers et immobiliers injustifiés de nos douaniers sont illustratifs de ce que je dis. Avec la mise en place du Programme de Vérification des Importations Nouvelle Génération ( PVI- NG), par Bénin Control  SA, la fraude extérieure, celle imputable aux Importateurs et autres opérateurs économiques est totalement maîtrisée et le niveau des recettes douanières le démontre bien. Mais le niveau n’est pas encore optimal et pourquoi, justement parce que la fraude interne persiste en raison  de la qualité de leurs auteurs, les douaniers eux-mêmes. Qu’il ne vous échappe pas que des douaniers ont été régulièrement interpellés par la justice depuis 2016 , certains ont été condamnés et d’autres ont été radiés et ce n’est pas encore fini. Alors Alain HINKATI est arrivé aux douanes pour démanteler le système de fraude interne qui est un système aussi vieux que la création des douanes béninoises. Une telle mission ne peut pas être confiée à un cadre des douanes car quel que soit sa bonne foi et sa détermination,  il sera contraint à un moment donné à un devoir de solidarité vis-à-vis de ses compagnons de corps( anciens patrons , actuels collaborateurs) qui pourraient être éclaboussés par les actions courageuses de destruction des réseaux de fraudes qu’il pourrait entreprendre.
Venons  maintenant au choix du Sénégalais Babacar Camara comme Directeur Général adjoint des douanes. Ce choix n’est nullement un mépris des compétences nationales de l’administration douanière. Non, nous avons des douaniers compétents et très compétents même, dont certains ont été même sollicités par le passé pour former des agents des douanes d’autres pays. Le problème,  c’est que ces compétences disponibles ne peuvent plus servir la cause et la cause c’est la déconstruction Physique et psychologique d’un système de fraudes abyssal puisqu’à priori, toutes ces compétences sont concernées par le problème que l’on veut résoudre.

Que faut-il faire alors ?
Il faut rechercher une compétence neutre,  un regard neutre. Babacar Camara répond bien à ce besoin de neutralité. Il est compétent et expérimenté pour avoir dirigé par le passé l’administration douanière Sénégalaise d’où il est parti après avoir sollicité et obtenu une retraite anticipée,  à la suite de laquelle il est allé travailler dans le secteur privé. Avec le duo Alain HINKATI/ Babacar Camara à la tête des douanes béninoises, nous pouvons déjà nous préparer à entendre des choses qui dépassent l’entendement prochainement puisque le ver qui est dans le fruit à la maison douane sera découvert et mis hors d’état de nuire aux recettes publiques. Et c’est le peuple qui est heureux car une fois le système interne de fraude détruit, le niveau des recettes sera optimal.  Nous allons atteindre des records jamais réalisés. Je vous remercie

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