Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Relation Parents/Enfants : Faire de la sexualité un sujet tabou aujourd’hui est une erreur

La société africaine au départ était une société purement traditionnelle, une société dans la quelle les valeurs occupaient  une grande place .La tradition, le culturel et le cultuel font de l’Afrique un continent très riche ou l’on découvre des choses merveilleuses voire incroyables. Aujourd’hui on voit une société africaine affaiblie car la modernisation a pris le pas sur les valeurs. La tendance en Afrique actuellement est la copie du mode de vie  de l’occident à travers l’habillement et le style de vie. La dépravation et la perversion ont atteint le sommet, un niveau que l’on n’aurait jamais imaginé. Des pratiques sexuelles peu orthodoxes font leur entrée dans la vie sexuelle des jeunes. La recherche de facilité, le désir d’avoir un mode de vie dont on n’a pas les moyens, le snobisme , la difficulté de certains parents à offrir le nécessaire à leurs enfants sont des facteurs qui poussent les adolescents vers le sexe de façon précoce .Les médias, les réseaux sociaux, l’école et les pairs  constituent aujourd’hui des canaux par les quels les enfants et adolescents s’informent  sur la sexualité .Mis à part l’école l’information obtenue par ces canaux présentent une image biaisée de la sexualité d’où l’utilité pour les parents de corriger le tir en donnant une éducation sexuelle adéquate à leurs enfants  .Au cours de  l’année scolaire 2016-2017, 3045 cas de grossesse ont été répertoriés en milieu scolaire au Bénin .Au cours de l’année 2017-2018 , 2912 cas de grossesses ont été répertoriés  et pour l’année scolaire 2018-2019,  1122 cas de grossesses . Ces chiffres sur cités   devraient interpeller chaque parent. Dans beaucoup de familles africaines, parler de la sexualité est tabou. Les adultes sont gênés d’aborder la question avec les jeunes et ces derniers trouvent difficile voire impossible de discuter de thèmes sexuels avec les adultes. Mais aujourd’hui les parents  n’ont plus le choix, cela s’impose à eux, ils ont l’obligation de le faire. Parler de sexualité avec son enfant  dénote de l’intérêt qu’on porte à sa progéniture. Il est plus important de parler de sexualité avec les enfants pour leurs faire éviter des comportements à risque que de devoir faire face aux conséquences de la sexualité précoce des enfants .L’éducation sexuelle doit  commencer à la maison dès l’apparition des règles chez la fille et dès l’apparition  des caractères sexuels secondaires (pilosité ,mue de la voix) chez les garçons. Le père peut choisir de parler aux garçons et la mère aux filles pour faciliter le dialogue et la compréhension.

Les conséquences des rapports sexuels précoces sont multiples, il y a des conséquences à court terme et à long terme .Les conséquences à court terme sont entre autres les infections sexuellement transmissibles dont le VIH, les grossesses, les avortements clandestins et l’abandon des classes du fait de grossesses précoces .Les conséquences des rapports sexuels à long terme sont entre autres le cancer du col de l’utérus dont le premier facteur de risque est le rapport sexuel précoce c’est-à-dire le premier rapport sexuel avant l’âge de dix sept ans chez la fille .La stérilité à l’âge adulte qui est une conséquence des infections sexuellement transmissibles non traitées et aussi des avortements clandestins mal faits et parfois répétés .Le SIDA , quelques années après l’infection à VIH ,la personne infectée doit faire face à la phase maladie si entretemps elle n’a pas fait le test de dépistage pour commencer le traitement avec les antirétroviraux. La mort est à la fois une conséquence à court et à long terme des rapports sexuels précoces chez les filles, un avortement clandestin peut tourner au drame et causer la mort de la personne qui se fait avorter. Les cancers du col de l’utérus sont souvent découverts à un stade avancé ce qui laisse peu de chances à la médecine de sauver la personne qui finit par faire face à la mort. Certaines adolescentes se suicident ou peuvent présenter diverses formes de maladies mentales parce qu’elles se retrouvent enceinte et ne veulent  pas affronter leurs parents.

De tout ce qui précède, il apparait que les rapports sexuels précoces en milieu scolaire ou non n’ont aucun avantage mais que des conséquences surtout chez les filles. La paternité et la maternité en bas âge ont parfois des conséquences psychologiques sur les adolescents du fait d’endosser des responsabilités d’adultes à l’adolescence.

L’éducation sexuelle à la maison s’impose aujourd’hui à tous les  parents quelque soit le niveau d’études, la classe sociale et le milieu de vie. Il existe des organismes qui passent par plusieurs canaux pour sensibiliser les jeunes sur la sexualité mais le travail ne sera complet que si les parents mettent la main à la patte. Il n’existe pas plus grande déception pour un parent que de voir son enfant prendre le mauvais chemin. Les parents ont l’obligation d’inculquer les valeurs aux enfants, le dialogue et la communication avec les enfants doivent faire partie de la routine familiale. Les parents doivent refléter ce qu’ils attendent de leurs enfants. Ils ont donc l’obligation d’être leurs exemples, car les enfants observent la façon dont ils interagissent ,la place et l’expression des sentiments dans leur vie, les relations de genre et de pouvoir au sein du couple parental. Tous ces éléments forment la fondation de la sexualité de l’enfant à l’âge adulte ,de même que l’acceptabilité ou le rejet de certains de leurs comportements par leurs parents.

Les parents  doivent être en mesure de fournir aux enfants des informations fiables sur la sexualité, les aider à développer leur connaissance ,leur autonomie et leurs compétences, telles que la communication, renforcer leur capacité à prendre des décisions responsables ,leur permettre d’explorer et définir leur propre valeurs, et leur fournir un modèle sain de comportement sexuel.

Les adolescents croient souvent que vivre et exprimer son amour se réduit aux relations sexuelles .C’est aux parents de leur expliquer que les sentiments ne sont pas à confondre avec les relations sexuelles, et que le fait de tomber amoureux à leur âge est normal mais cela ne signifie pas qu’ils doivent aller au sexe. Trouver le juste milieu pour dire les choses sans choquer et frustrer son enfant est possible .L’adolescence est une période difficile et compliquée et c’est avec beaucoup de patience et de tolérance que le parent pourra aider son enfant sans avoir à faire face à une rébellion de la part de ce dernier. Déjà à partir de la sixième le parent peut entamer la discussion sur le sexualité avec son enfant. Si le parent ne le fait l’enfant l’apprendra autrement et ce ne sera pas au profit des parents.

Donner une éducation sexuelle à ses enfants c’est leur donner une chance d’éviter les comportements à risque mais aussi leur indiquer ce qui sous-tend une sexualité saine et épanouissante. On ne dira pas qu’il existe un âge idéal pour avoir le premier rapport sexuel mais cela peut se faire lorsque la maturité psychosexuelle est atteinte. C’est-à-dire, à partir du moment où le jeune commence par  saisir le vrai sens de l’amour, ne le réduisant plus aux relations sexuelles. On ne doit s’adonner aux rapports sexuels que  lorsqu’on se sent conscient, responsable et surtout prêt  à en assumer les conséquences.

Karimath Foumilayo LAWANI ; Présidente de l’ONG Eduquons Autrement ; Personnes ressources : Docteur ANAGONOU LARY Lucrèce : Pédopsychiatre ; Docteur Muriel MEHOBA : Gynécologue ; Docteur Didito Quenum : Sexologue ; Page facebook : Programme Eduquons Autrement

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