Le Journal de NOTRE EPOQUE

Journal béninois d’investigation, d’analyses et de publicité – Récépissé N° 953/MISPCL/DC/DAI/SCC du 27 mars 2007

Droits humains et cadre sécuritaire au Bénin : prévention de l’apatridie, moyen de lutte non armée

Dans le cadre de ses activités de sensibilisation et de mobilisation citoyenne, TLP-Bénin et ses associations membres, ont organisé dans la matinée du 06 septembre 2025 à Azalaï Hôtel, la troisième conférence publique sur le thème «la prévention de l’apatridie comme moyen de lutte non armée contre le terrorisme et la radicalisation »

Modéré par le Coordonnateur national de TLP-Bénin, Monsieur Elias BEHANZIN, le sujet de cette conférence a été développé par plusieurs experts agréés dans leur domaine à savoir :

– Monsieur Renaud AVLESSI, Doctorant spécialiste de l’apatride et des questions de nationalité ;

– Colonel Didier AHOUANVOEDO, Officier Supérieur des Forces Armées Béninoises à la retraite et

– Capitaine-major Séro Malick LAFIA de l’état major général des Forces Armées Béninoises.

Troisième d’une série de 4 conférences publiques pour l’année 2025, dont la quatrième prévue pour le samedi 13 septembre 2025, porte sur le thème « Quelle contribution des citoyens pour un processus électoral équitable et apaisé en 2026 ? » , cette troisième conférence a permis, dans un Bénin où la partie septentrionale fait face à des menaces sécuritaires liées aux incursions terroristes, les échanges ont permis de mieux comprendre : le lien entre exclusion sociale, absence de reconnaissance juridique et vulnérabilité des populations ; les questions de recensement et de nationalité des populations vivant dans ces zones, les circulations et achats des armes par de simples individus lambda et les responsabilités de chaque citoyen, béninois et/ou non-béninois face à ses actes.

De cette conférence et des interventions mêlées, on retient principalement que dans les zones fragiles comme le Nord du Bénin, où les populations frontalières et nomades sont parfois confrontées à des difficultés d’enregistrement à l’état-civil, cette vulnérabilité est souvent exploitée par les groupes extrémistes pour recruter et radicaliser des individus en quête d’identité et de considération.

La prévention de l’apatridie apparaît donc comme un outil non armé, mais stratégique pour renforcer la résilience des communautés, réduire les sentiments d’injustice et consolider la cohésion sociale. Elle permet ainsi d’assurer à chaque individu sa place dans la société, en faisant de la citoyenneté un rempart contre la manipulation et la marginalisation. Mise en œuvre par l’ANIP, des campagnes d’enregistrement ont été lancées dans ces zones du Nord pour garantir aux bénéficiaires un statut légal, contribuant ainsi à réduire l’apatridie et garantir que chaque enfant ou individu, un statut légal reconnu.

Entre apatridie, terrorisme et radicalisation, les échanges ont permis de faire le lien entre les notions :

– d’exclusion sociale, d’absence de reconnaissance juridique et de vulnérabilité des populations à travers l’impact de l’apatridie, le manque d’accès à l’état civil et l’absence de reconnaissance juridique qui privent les populations de ces zones de leurs droits fondamentaux comme l’éducation, la santé ou la participation citoyenne renforçant ainsi la marginalisation et créant un terrain propice à la radicalisation et à l’influence de groupes extrémistes ;

– de recensement et nationalité des populations dans les zones vulnérables à travers l’enregistrement civil et de l’obtention de la nationalité mis en place par le gouvernement pour réduire l’apatridie et leur vulnérabilité face aux crises et à l’exploitation par des acteurs malveillants ;

– de circulation et acquisition d’armes par des individus à travers les risques liés à la circulation facile d’armes légères entre particuliers, ce qui peut alimenter l’insécurité et la violence dans les zones frontalières, il apparaît donc nécessaire de faire une réglementation stricte et d’une sensibilisation citoyenne sur les conséquences de la possession et de la vente illégales d’armes ; et

– de responsabilité de chaque citoyen, béninois et non-béninois pour rappeler que la sécurité et la cohésion sociale ne dépendent pas uniquement des forces de l’ordre, mais aussi de la responsabilité individuelle et collective sans distinction de nationalité. Chaque individu est responsable des actes qu’il pose et sera juger en fonction de ces actes.

Pour Monsieur Renaud AVLESSI, régler la question de la nationalité va permettre à l’état de sécuriser les siens et si l’État assure sa présence, protège les siens, ce sera une base pour lutter contre la radicalisation et de ce fait, l’État doit ainsi tout faire pour ne pas discriminer, car l’apatridie rend la personne vulnérable sur tous les plans et surtout financier.

Pour le Colonel Didier AHOUANVOEDO, la prévention de l’apatride peut jouer un rôle subtil mais puissant dans la lutte non armée contre le terrorisme et la radicalisation. Ceci est donc une approche qui agit en amont, sur les causes profondes de l’exclusion et de la marginalisation.

Et pour enrichir les propos de ses prédécesseurs, le Capitaine-major, Séro Malick LAFIA, a déclaré que « depuis, nous avons mis nos stratégies en marche dans les zones où l’État n’était pas représenté, les conflits entre populations se règlent mieux, ce qui créé une confiance avec la population qui laissent facilement convaincre et enrôler et jusqu’à l’heure actuelle, nous avons le contrôle à 100% du territoire ».

Notons que dans le cadre du renforcement du lien armée, le colonel parle de la Valorisation des Actions civilo-militaires (ACM). Pour lui, « la raison d’être des ACM est d’apporter le soutien dans la réalisation des objectifs milita pour réduire les aspects négatifs des opérations sur les populations. Elles recouvrent les interactions entre la force militaire et les instances civiles ». Il rassure que « les ACM sont des moyens puissants de Légitimation de l’action militaire (opérations d’aide à la résolution des crises ». Citant le général Félix HESSOU, « L’esprit de défense traduit la volonté et la détermination de sauvegarder coûte que coûte, les intérêts fondamentaux et les valeurs qui fondent l’identité d’une communauté : le territoire, l’indépendance, la culture et la religion », le colonel parle du rétablissement de l’instruction civique à enseigner du cours primaire à l’université, la révérence à la Nation à travers des symboles, des mythes, les héros et la mise en œuvre d’un système éducatif efficace et performant ; valorisation des cadres et la promotion de l’excellence.

Les participants ont activement contribué par des interventions et des réflexions constructives, confirmant que la question de l’apatridie dépasse la simple problématique juridique pour devenir un véritable enjeu de paix et de sécurité nationale.